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Pour se chauffer, les Européens font feu de tout bois

jeudi, 20 février, 2014 - 15:15

La bise n'est pas venue cet hiver en Europe. Cela va alléger la facture de chauffage des foyers européens. Mais il y a les pays où la transition énergétique, vers le bois notamment, permet de réelles économies et ceux qui, comme en France, doivent allumer leurs convecteurs dévoreurs de kilowatts au moindre frimas.

Cette année l'hiver est clément en Europe. Les Européens vont pouvoir économiser sur leur facture de chauffage. Mais il y a ceux qui savent de quel bois ils se chauffent et ne s'en plaignent pas, et les autres, comme les Français, qui ont cru à la fée électricité devenue boulimique de très chers kilowatts.

Comme tous les produits pétroliers, le fioul n'est pas une meilleure affaire. Quant au gaz, il a nettement augmenté ces dernières années en Europe. Mais chaque pays a ses préférences. Quand on a le choix: en Grèce se chauffer est devenu un luxe inabordable.

France: les mauvais comptes de fée électricité

Le gaz est le mode de chauffage le plus utilisé par les Français au niveau global, même s’il est en baisse ces dernières années : 30% du chauffage des maisons se chauffent au gaz de ville ou en bonbonne. L'électricité, vantée par EDF pour, notamment sa facilité d'installation des convecteurs est particulièrement présente dans les maisons construites depuis les années 80. 41% du chauffage des maisons construites entre 1983 et 1988 et 52% de celles qui ont vu le jour après 2005 carburent au tout électrique.

Reste le fioul qui est le mode de chauffage le plus répandu pour les maisons datant d’avant 1975 (34% des maisons). Sa part ne fait ensuite que décliner pour atteindre seulement 5% des maisons construites après 2005.

Mais aujourd'hui c'est le grand retour du bois. En poêles, en insert et en cheminée, c'est le bois qu'ils préfèrent. Economique et écologique, 7,4 millions de ménages utilisent un appareil de chauffage au bois, la plupart du temps en complément d'une autre source d'énergie.

EIle présente le double avantage d'être, non seulement la source d'énergie la moins chère, mais aussi la moins polluante quand il est brulé dans un insert ou un poêle moderne. Selon les calculs de l'Ademe, les bûches reviennent à 3,4 centimes d'euro TTC le kWh, le gaz de ville à 7 centimes, le fioul à 9,9 centimes et l'électricité à 13,3 centimes. Sans oublier le propane à 13,5 centimes le KWh.

Et cela fait une réelle économie sur le budget chauffage qui atteint pour chaque Français 1087 euros par an en moyenne.

En Allemagne, on se débranche

En Allemagne, le gaz naturel est utilisé dans la moitié (49%) des logements neufs et anciens. Vient ensuite le fioul (29% des logements anciens) et le chauffage urbain, à l’échelle d’une ville ou d’un quartier (12% des logements anciens, 16% des logements neufs).

En revanche, l’électricité ne représente que 6% de l’énergie utilisée pour le chauffage dans les logements anciens et à peine 0,95% dans les logements neufs. Ces derniers se mettent de plus en plus aux énergies renouvelables, notamment avec des pompes à chaleur (dans 22% des cas) depuis que l’Etat a multiplié les incitations fiscales pour les modes de chauffages les mois polluant.

En moyenne, les Allemands consomment de moins en moins d’énergie pour se chauffer. En cause? Les énormes efforts réalisés depuis 2009 pour améliorer l’isolation des maisons et inciter les ménages à chauffer mieux. On chauffe donc mieux avec moins d’énergie mais, en revanche, comme les logements deviennent de plus en plus grands et que le prix du gaz et du fioul augmente, les factures, d'ailleurs surnommées "le deuxième loyer", ne cessent de gonfler.

La hausse des coûts de l’énergie et de l’électricité devient un problème pour de nombreux foyers"

remarque à ce sujet Lukas Siebenkotten, directeur de l’union des locataires allemands (DMB).

Au Royaume-Uni, la facture explose

Le gaz est le premier moyen de chauffage des Britanniques: en 2012, la consommation de gaz par foyer s’est élevée à 15.257 kwh, soit 3,5 fois la consommation d'électricité (4.226 kwh). Les Britanniques ont dépensé en moyenne 1 220 £ (1 460 euros) par an en électricité et en gaz. Actuellement, le prix moyen du Kwh de gaz est de 4,5p (5,4 centimes d’euros) et celui d’électricité 12p (14,4 centimes).

Les Britanniques chauffent peu leur logement: les autorités recommandent que les bébés dorment par 19°, que les pièces de vie soient chauffées à 21° grand maximum et les autres à 18°. Un vrai bonheur pour les fabricants de moquette… L'isolation reste d’ailleurs l’un des principaux problèmes et le gouvernement accorde des crédits d’impôts aux propriétaires qui améliorent l’isolation. L’explosion de la facture des particuliers (+37% depuis octobre 2010) a provoqué un intense débat.

Environ 5 millions de foyers britanniques sont considérés comme vivant dans la 'précarité énergétique' (lorsque la facture d'énergie dépasse 10% des revenus). De nombreuses autorités locales encouragent ainsi leurs administrés à changer autant que possible de fournisseurs afin de bénéficier de tarifs plus compétitifs.

En Grèce, 300 000 de foyers sans électricité

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il fait froid l’hiver dans les maisons dans un pays méditerranéen, comme la Grèce. Et même très froid (jusqu’à – 20°, -30° parfois) dans le Nord, à la frontière albano-macedonio-bulgare.

Dans les villes et les villages importants, les Grecs se chauffaient ces derniers temps avec un chauffage central au fioul. Mais le doublement du prix de ce combustible à la suite de l'alignement des taxes sur celles du gazole pour les voitures diesel, sous prétexte de lutter contre le trafic de carburant, a rendu le fioul inabordable. Le gaz a augmenté lui aussi fortement. Conséquence, près de la moitié des immeubles d’Athènes (la moitié de la population vit dans le grand Athènes) n’ont donc pas mis en route cette année leur système de chauffage collectif, la plupart des habitants étant dans l’impossibilité de payer les charges.

Ce pourcentage est en hausse par rapport à l’année dernière de plus de 33%.

La situation est devenue ubuesque depuis l’hiver dernier. Les coupes illégales dans les parcs et les bois se sont multipliées (des oliviers plus que millénaires ont été ainsi détruits) au grand dam des gardes forestiers impuissants. Et les remise en marche des vieilles sobes (fours à bois), pour chauffer et cuisiner en même temps, avec des matériaux inappropriés comme des bois de construction peints, ont engendré une pollution atmosphérique sans précédent. Le nefos (nuage ou frog), sorte de brume grisâtre  flottante est réapparue sur Athènes.

Plus grave encore, il y a eu de nombreuses fermetures de compteurs DEH (EDF grecque), pour cause de non-paiement, laissant plus de 300 000 foyers sans électricité. Une escouade de "Robins des bois de l’électricité" s’efforce de rétablir illégalement le courant pour ces naufragés de la crise grecque.

Et dans le Nord, le milliardaire George Soros a lancé un programme d’aide pour chauffer les écoles des régions frontalières. Les Athéniens se sont rués, eux, vers l’achat des couvertures chauffantes électriques bon marché en provenance de Chine, avec quelques accidents de surchauffe en prime.




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