Dimanche à Los Angeles, c'est la grand-messe du cinéma américain: les Oscars. Parmi les sélectionnés en 2014, peu de place accordée aux étrangers… Quelques Européens ont toutefois réussi à s'immiscer dans la course. Myeurop vous les présente.
Les Oscars… Ou l'autocélébration du cinéma américain: un bref coup d'œil à la liste des nominations montre l'écrasante domination des autochtones dans la course aux statuettes. Hollywood récompense Hollywood. Ou presque. Car cette année encore, une poignée d'étrangers se sont frayé un chemin vers le théâtre Dolby de Los Angeles (ex-théâtre Kodak, jusqu'à la faillite de l'entreprise culte en 2012). Parmi eux, la majorité sont des Européens, le second plus gros contingent des "nominés" (expression consacrée au grand dam de l'Académie française) aux Oscars 2014.
C'est bien simple, il y en a un Européen nommé dans quasiment chaque catégorie. Avec un bémol: la Grande-Bretagne truste les nominations européennes.
Meilleur film : Philomena, Grande-Bretagne
Philomena, de Stephen Frears: le film produit par un trio USA/Grande-Bretagne/France est en fait surtout britannique. Son réalisateur, originaire de Leicester, n'en est pas à sa première nomination: il a été nommé deux fois pour l'Oscar du meilleur réalisateur, en 1990 pour Les Arnaqueurs, et en 2006 pour The Queen.
Philomna a plusieurs occasions de rafler une récompense: il est nommé 4 fois (meilleur film, meilleure actrice, meilleur scénario adapté, meilleur musique). Pour le meilleur film, il ne part cependant pas favori, face aux trios poids lourds américains que sont 12 Years A Slave, Le Loup de Wall Street, et Gravity…
Meilleur acteur : Chiwetel Ejiofor, Grande-Bretagne
Chiwetel Ejiofor: c'est l'acteur principal de la grande fresque sur l'esclavage du réalisateur Steve McQueen, 12 Years a Slave. Cet acteur britannique de 36 ans aune chance de gagner l'Oscar du meilleur acteur 2014, si l'on en croit les récompenses déjà glanées avec ce rôle titre: quinze récompenses, à chaque fois comme meilleur acteur, dans quinze festivals différents (Boston, Washington, Chicago, San Francisco, ou encore aux BAFA et aux AACTA Awards, l'équivalents des Oscars en Grande-Bretagne et en Australie). Reste qu'encore une fois, la course est relevée… Les Américains Matthew McConaughey et Leonardo DiCaprio sont favoris pour leurs rôles dans Dallas Buyers Club, de Jean-Marc Vallée, et Le Loup de Wall Street, de Martin Scorsese.
Meilleure actrice : Judi Dench, Grande-Bretagne
Judi Dench: la Grande-Bretagne toujours, et Philomena encore une fois. Cette fois-ci, c'est donc l'actrice Judi Dench qui tente sa chance, à presque 80 ans. Si vous ne l'avez pas vu dans Philomena et que son minois vous dit quelque chose, c'est que vous l'aurez alors probablement croisé dans James Bond.
Pendant 17 ans, elle y a incarné M, la cheffe du MI6, les services secrets britanniques, et la stricte mais attachante patronne de l'agent 007. Elle abandonne le rôle en 2012. Dans Philomena, elle joue Philomena Lee, un fille-mère qui, devenue âgée, part à la recherche de ce fils confié cinquante ans plus tôt à un couple qui l'a adopté.
Meilleur réalisateur : Steve McQueen, Grande-Bretagne
Steve McQueen : la Grande-Bretagne encore, avec l'artiste contemporain et réalisateur de 44 ans, nommé pour son dernier film 12 Years a Slave, l'un des grands favoris des ces Oscars 2014. Steve McQueen, qui n'a réalisé que trois longs métrages (Hunger en 2008, Shame en 2011 et 12 Years a Slave en 2013), a déjà été récompensé pour ce dernier film à de multiples reprises aux Etats-Unis, en tant que meilleur réalisateur.
En 2008, c'est à Cannes qu'il était honoré d'une Caméra d'or pour Hunger, film sur la grève de l'hygiène des prisonniers de l'IRA et sur la grève de la faim de leur leader, Bobby Sands, au tout début des années 80.
Meilleur second rôle masculin : Michael Fassbender, Irlande-Allemagne
Michael Fassbender: l'acteur germano-irlandais de 36 ans concourt pour son second rôle dans 12 Years a Slave. Il y incarne Edwin Epps, un blanc violent et manipulateur, proriétaire terrien dans l'Amérique esclavagiste. Côté récompense, Michael Fassbender a ses chances. En effet, ses collaborations avec Steve McQueen lui sourient: ses rôles dans les deux précédents films du réalisateur britannique lui ont valu de nombreuses récompenses, et notamment le prix d'interprétation masculine de la Mostra de Venise en 2011 pour Shame, et de meilleur acteur dans de nombreux festivals pour Hunger (Montréal, Stockholm, Londres, Chicago).
Meilleure second rôle féminin : Sally Hawkins, Grande-Bretagne
Sally Hawkins: révélée par la comédie Be Happy (2008), l'actrice britannique de 37 ans est nommée pour son second rôle dans Blue Jasmine, de Woody Allen. Si c'est la première nomination aux Oscars pour Sally Hawkins, l'actrice a toutefois été plusieurs fois primée, puisqu'elle a notamment un prestigieux Ours d'argent du Prix d'interprétation féminine au festival international du film de Berlin, pour son rôle dans Be Happy.
Meilleur film d'animation : Ernest et Célestine, France-Belgique-Luxembourg
Ernest et Célestine: l'extraordinaire film d'animation est le résultat d'une coopération européenne, en l'occurrence franco-belgo-luxembourgeoise. Ce film aux deux dimensions et aux trois réalisateurs (le Français Benjamin Renner et les Belges Stéphane Aubier et Vincent Patar) raconte l'amitié d'une petite souris, Célestine, avec un ours bourru, Ernest. Il est inspiré des livres pour enfants de l'auteure et illustratrice belge Gabrielle Vincent, parus entre 1980 et 2000. Face à la poésie d'Ernest et Célestine, pour l'Oscar du meilleur film d'animation, de la (très) grosse cavalerie… La Reine des neiges, de l'empire Walt Disney, Les Croods, des studios DreamWorks, Moi, moche et méchant 2, ou encore Le Vent se lève, l'ultime production du pape de l'animation japonaise, Hayao Miyazaki.
Ernest et Célestine, bande-annonce
Meilleur film étranger : Italie / Danemark / Belgique
L'Europe est bien représentée dans la catégorie du meilleur film étranger, puisqu'elle y place trois films sur les cinq sélectionnés: La Grande Bellezza, de Paolo Sorrentino (Italie), La Chasse, de Thomas Vinterberg (Danemark) et Alabama Monroe, de Felix Van Groeningen (Belgique). Un trio complété par le cambodgien L'image manquante et le palestinien Omar.