Un marchand d'armes américain fait sa promo en transformant le David de Michel-Ange en Rambo: sur une pub, la célèbre sculpture brandit un énorme fusil de très gros calibre. Les Italiens, furieux, disent halte-là et appellent au désarmement immédiat de la statue.
Qu'on se le dise, David est un pacifiste ! C'est la semonce faite par l'Italie à une entreprise américaine qui a osé prétendre le contraire. Il faut dire que ArmaLite, fabricant d'armes, n'y est pas allé avec le dos de la cuiller: pour vanter ses "produits", la firme a travesti le chef-d'œuvre, sculpté par de Michel-Ange entre 1501 et 1504, en lui mettant dans les mains un gigantesque fusil.
Au dessus de la sculpture Renaissance armée, une mention: "Le (fusil) AR-50A1: une œuvre d'art". Une "œuvre" à 3.000 dollars et "fièrement fabriquée aux Etats-Unis", précise la publicité.
Le détournement de cet éminent symbole de la culture italienne n'a pas vraiment plu, de l'autre côté des Alpes. L'affaire, abondamment relayée par les médias italiens, a fait sortir de ses gonds jusqu'au ministre de la culture italien:
L'image de David armé offense et viole la loi. Nous agirons contre cette entreprise américaine qui devra retirer ses publicités",
a réagi Dario Franceschini avec véhémence sur son compte Twitter.
A qui appartient l'image de David ?
Une affaire pas si anodine que ça, puisqu'elle pose la question du statut de l'art et de son utilisation à des fins commerciales. Interrogé par la Repubblica Firenze, Angelo Tartuferi, directeur de la Galleria dell'Accademia, l'établissement florentin où est exposé le bel athlète de 4,34 mètres de haut, est formel:
La loi dit que la valeur esthétique d'une œuvre ne peut pas être déformée. Dans ce cas précis, non seulement le choix est mauvais, mais il est surtout complétement illégal".
Même son de cloche pour la responsable des Musées de Florence, Cristina Acidini:
Faire de la promotion en exploitant l'image de David, ou de toute autre œuvre conservée dans nos musées, exige en amont une évaluation de l'adéquation entre le projet publicitaire et de l'image. La dignité culturelle doit être respectée. Par le passé, des campagnes de publicité d'entreprises italiennes ont été autorisées, à la discrétion du comité de direction".
Le gouvernement italien va lui jusqu'à prétendre qu'il détient le copyright pour l'utilisation commerciale de l'image de David. Il semble bien que David va devoir déposer les armes.