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3 ans et demi de prison pour le patron du Bayern Munich

jeudi, 13 mars, 2014 - 14:29

Trois ans et demi de prison ferme: le président du Bayern Munich, Uli Hoeness, vient d'être condamné après quatre jours de procès. Portrait de ce "Cahuzac allemand", 250 matchs, 86 buts et 27 millions de fraude fiscale au compteur.

Uli Hoeness, président du Bayern Munich, a été condamné aujourd'hui à une peine de prison ferme de trois ans et six mois. Le big boss du foot allemand a reconnu avoir fraudé le fisc allemand à hauteur de 27 millions d'euros.

L’Allemagne s’est-elle trouvé son Cahuzac? Uli Hoeness n’est certes pas ministre, mais c’est tout comme: il est le patron du Bayern Munich, le plus grand club de foot allemand, et s'est enrichi, en gestionnaire émérite, grâce… aux saucisses! Autant dire, une personnalité qui compte en Allemagne. Portrait.

Légende du foot allemand

Depuis près d'un an, les soupçons pesaient sur ce patron allemand. En avril dernier déjà, la presse allemande annonçait l’impensable: Uli est un fraudeur. Et de spéculer sur le nombre de millions placés à l’étranger. Dix? Des centaines? Fin du suspense: hier, le président du Bayern Munich a reconnu avoir commis pour 27 millions d'euros d'évasion fiscale.  

Notre Cahuzac en crampons a surpris tout son monde. Qui l’eut cru! Uli Hoeness, 62 ans, était une personnalité atypique jusqu'alors respectée outre-Rhin, et au-delà du football. Une personnalité aux multiples visages.

Uli Hoeness, c’est d’abord un joueur très doué, l’une des légendes du football allemand. Attaquant vedette de la Bundesliga entre 1970 et 1979, il y aura joué 250 matchs et marqué 86 buts, sous les couleurs du Bayern Munich, déjà. Appelé dans la sélection allemande, il devient l’un des plus jeunes joueurs à gagner le championnat d’Europe, en 1972.

Joueur, manager, président: 40 ans au Bayern

Deux ans plus tard, il gagne la Coupe du monde organisée et remportée en 1974 par la RFA. Déjà, Uli Hoeness est du genre à se faire remarquer, à l’image de son précoce coup d’éclat lors de la finale du mondial: première minute de jeu, il tacle la star adverse, le Néerlandais Johan Cruijff et provoque un pénalty, encaissé par son équipe. Il jouera 35 matchs avec la Fußballnationalmannschaft.

Uli Hoeness, c’est ensuite un patron du foot allemand. Il interrompt prématurément sa carrière de joueur en 1979, après une vilaine blessure au genou, mais reste au club. Après avoir porté le maillot du Bayern Munich, il en dirigera donc l’équipe. Et contribue à inventer un nouveau job dans le foot allemand, celui de manager. Un poste qu’il occupe 30 ans: en 2009, il succède à Franz Beckenbauer, autre ancienne gloire nationale, et devient président du club.

Son dernier fait d’arme? L’embauche au Bayern, en 2013, de Pep Guardiola, ancien entraîneur star du FC Barcelone.

Une grande gueule médiatique

Uli Hoeness est aussi une grande gueule. Un sanguin dont les algarades truffent la presse sportive. Manager ou président, il s’attaque aux entraîneurs adverses, parfois versant dans l’insulte. Parmi les guerres qui ont marqué le foot allemand, son empoignade avec Christoph Daum, alors entraîneur de Leverkusen, et qu’il s’applique à disqualifier dans la course à la direction de la Mannchaft en 2000. Ou encore les relations tempétueuses avec les entraineurs successifs de son équipe.

Grande gueule médiatique… et vendeur de saucisses. A l’ombre du boss du foot, le Uli Hoeness entrepreneur n’a pas chômé. C’est d’ailleurs probablement de là que viennent les millions émigrés en Suisse. Fils de boucher, il cofonde en 1985 la W. Weiß GmbH, une firme basée à Nuremberg et spécialisée dans la production de saucisses grillées. Elle compte alors 20 employés. Vingt-huit ans plus tard, rebaptisée HoWe Wurstwaren KG, la petite boîte de Nuremberg produit désormais 4 millions de saucisses par jours, et compte parmi ses clients les fast-foods McDonalds Allemagne, les chaînes de discount Aldi ou Nett, et l'Oktoberfest de Munich, la célèbre Fête de la bière.

Uli menteur!

Talentueux joueur et manager hargneux, l’empereur du foot et de la saucisse grillée n'échappera pas, cette fois-ci, à la case prison. Ses aveux récents balayent ses précédentes démonstrations de respectabilité:

Je sais bien que c'est idiot, mais je paie mes impôts au prix fort"

déclarait-il ainsi en 2005, dans les colonnes de Bild. Plus récemment, il s’était fait le héraut du fair-play financier dans le football européen. Bon élève et délateur, il réclamait à Michel Platini, président de l’UEFA, des sanctions contre les clubs endettés, ciblant le PSG, Milan ou Manchester City.

A propos des frasques de son joueur Franck Ribery, il déclarait: "Dans la Bible, il est écrit qu'il faut savoir pardonner. Mais apparemment, en France, vous n'êtes pas capables de faire ça". Espérons pour Uli Hoeness que les Allemands soient effectivement plus forts au petit jeu du pardon.


Mise à jour de l'article Uli Hoeness, roi du foot, de la saucisse, et de l’évasion fiscale du 22 avril 2013




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