C'est globalement une bonne nouvelle pour tous les pays de l'Union. La Commission européenne prévoit une reprise de la croissance, dans bon nombre de pays. Un rebond fragilisé par la crise ukrainienne et le chômage persistant bien qu'en léger repli.
L'Europe renouerait-elle enfin avec la croissance? Oui, si l'on en croit les chiffres de la Commission européenne (voir l'infographie). L'organisme annonce une hausse d'1,2% du PIB de l'UE en 2014 et 1,7% en 2015. Pour Siim Kallas, commissaire européen :
Des fondations solides sont en place pour que la reprise économique se poursuive".
Le taux de chômage devrait également baisser après des années de hausse pour passer de 11,8% aujourd'hui à 11,4% en 2015 pour l'UE. La consommation des ménages serait à nouveau au cœur du redémarrage du Vieux Continent selon le rapport. L'amélioration progressif du marché du travail, alliée à l'inflation globalement faible devrait pousser les Européens à mettre la main au portefeuille.
Les seuls freins possibles à cette croissance seraient l'abandon, par les Etats, des réformes structurelles démarrées après les crises. L'autre inconnue, selon la Commission, demeure l'inquiétante situation en Ukraine. Les pays de l'UE ont encore du mal à clarifier leur position dans ce conflit. Plusieurs scénarios auraient été produits par les services de la Commission montrant l'impact négatif d'une telle crise à long terme sur l'économie du continent. La dépendance énergétique de certains pays envers la Russie comme l'Allemagne, Chypre ou encore la Finlande pourraient poser problème.
Des chiffres à revoir en France
Fraichement élu ministre des Finances, Michel Sapin est en partie désavoué par ce rapport bruxellois. Si le gouvernement français a vu à peu près juste sur la croissance (1% en 2014 pour Bercy comme pour la Commission, 1,7% en 2015 pour Bercy contre 1,5% selon la Commission), il pêche sur la réduction du déficit (3,9% en 2014 et 3% en 2015 pour Bercy, contre 3,8% en 2014 et 3,4% en 2015 selon la Commission). Le sacrosaint engagement d'atteindre la barre symbolique des 3% risque donc encore une fois de ne pas être respecté. Le déficit commercial de la France reste son point faible. Le pays compte, comme toujours, essentiellement sur la consommation des ménages pour relancer la machine économique. Un pari pour le moins osé, la politique économique du gouvernement étant essentiellement axée sur le développemnt de l'offre et non pas de la demande. Mais François Hollande pourrait enfin voir, avec quelques années de retard, son objectif d'inversion de la courbe du chômage se réaliser. Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, le chômage devrait, en effet, légèrement diminuer en France passant de 10,4% à 10,2%.
Italie, un chômage explosif
Les prévisions de croissance en Italie ont, elles aussi, été validées par Bruxelles avec 0,6% en 2014 et 1,2% en 2015 (contre 0,8% en 2014 et 1,5% en 2015 selon le gouvernement). Le pays sort enfin la tête de l'eau, après deux années de récession. Mais le chômage va rester au plus haut en 2014 avec 12,8% (allez sur l'infographie). Un record que les prévisions du gouvernement italien tentaient de minimiser (12,6% selon l'Istat). La Commission européenne met également en garde le gouvernement de Matteo Renzi décidé à creuser le déficit publique pour financer ses ambitieuses réformes. Il devrait cependant rester sous la barre des 3% de déficit public (2,6% en 2014 et 2,2% en 2015)
L'Allemagne, premier de la classe
Le bon élève de l'Europe a presque tout bon. Les prévisions d'Angela Merkel étaient justes. Le gouvernement prévoit une croissance de 1,8% du PIB en 2014 comme la Commission. Cette dernière anticipe même une hausse de 2% du PIB pour 2015. Le seul mauvais pronostic de l'Allemagne concerne le chômage. La Chancelière pense pouvoir encore réduire le pourcentage de chômeurs outre-Rhin. Mais pour la Commission européenne, le taux de chômage en Allemagne (allez sur l'infographie) ne devrait pas bouger (5,1% en 2014 et 2015).
La Grèce revient de loin
Pour la Grèce, ce rapport de Bruxelles est un soulagement. La sortie de crise devrait être effective à partir de 2015 selon les prévisions européennes, avec une perspective de croissance de 2,9% du PIB. Même chose pour le chômage. Après un taux record de 27,3% de chômage en 2013, la Grèce devrait lentement retrouver le chemin de l'emploi avec 26% de chômage en 2014 et 24% en 2015 (allez sur l'infographie). Les réformes structurelles lancées par le pays ont permis d'augmenter la compétitivité, notamment dans le secteur des services et la production industrielle. La reprise des exportations et le bon moral du domaine touristique participeront, selon la Commission, à la relance grecque à condition que l'Etat continue ses réformes économiques et politiques.
Le Portugal sur la bonne voie
Le contexte économique du Portugal est "relativement favorable". Ce sont les termes utilisés par la Commission pour décrire la situation actuelle du Portugal. La croissance du pays devrait passer de 1,2% du PIB en 2014 à 1,5% du PIB en 2015. La reprise économique semble devenir de plus en plus concrète pour le pays grâce, comme pour la Grèce, aux réformes structurelles. Le principal risque demeure lié au désendettement et à la consolidation budgétaire, mais il n'est plus impossible que le pays ramène son déficit public à 4% du PIB. La croissance retrouvée pourrait même permettre une hausse des revenus dans les années à venir. Le chômage devrait également baisser pour passer de 15,4% en 2014 à 14,8% en 2015 (allez sur l'infographie).