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La classe moyenne britannique broyée par les prix de l’immobilier

vendredi, 30 mai, 2014 - 13:51

Et si dans 30 ans la classe moyenne britannique disparaissait ? C'est le constat amère de David Boyle, économiste reconnu au Royaume-Uni. Selon lui, la hausse constante des prix de l'immobilier serait responsable de cette mort annoncée.

La classe moyenne britannique serait-elle en voie d’extinction ? Oui, à en croire la dernière note publiée par David Boyle, membre du think tank New Economics Foundation. L'économiste met en garde le gouvernement face à la paupérisation croissante des sujets de sa Majesté. Selon lui, dans 30 ans, le Royaume-Uni se composera d'une petite élite de très très riches, opposée à une masse importante de très très pauvres.

Quid de la classe moyenne ? Elle aura disparue ! Pour David Boyle, la flambée de l'immobilier est telle outre-Manche qu'elle conduira naturellement à l'extinction de cette catégorie sociale. L'accès à la propriété relèvera du fantasme. Pour boucler les fins de mois, les Britanniques multiplieront les emplois mal payés au détriment, notamment, des activités culturelles. Cet "appauvrissement" financier et intellectuel engendrera une société de plus en plus intolérante et injuste.

L'économiste va jusqu'à voir dans le succès du parti anti-européen Ukip aux élections européennes, les prémisses de ce monde à venir, comme il le confie à la presse anglaise :

Lorsque vous brisez les rêves des classes moyennes, elles se réfugient dans le populisme. Vous obtenez ainsi l'émergence de partis politiques dangereux."

L'immobilier fou

Les prévisions de ce think tank ont, en effet, de quoi choquer. Prix moyen d'une maison selon ces experts : 1,2 millions de livres (1,4 millions d'euros). Un coût délirant, condamnant les jeunes à la location. Le cabinet Deloitte, spécialisé dans l'audit et les services aux entreprises rappelait l'an dernier qu'en moyenne pour l'immobilier résidentiel neuf à Londres, le m² avoisinait les 10.000 euros.

De son côté, l'agence immobilière londonienne, Marsh & Parsons publie d'autres chiffres détonnants. le prix moyen d'une maison avec trois chambres dans le centre de Londres aurait augmenté de 729 livres par jour en 2013 (896 euros).

Mais à qui la faute ? Miss Thatcher selon David Boyle. L'économiste accuse la politique menée par la "Dame de fer". La Première ministre avait en effet supprimé l'encadrement du crédit bancaire en 1980, permettant ainsi aux banques de multiplier les prêts hypothécaires.

David Boyle s'en prend également à ces mêmes banques qu'il accuse de gonfler les prix de l'immobilier en manipulant les sociétés d'évaluation de logements pour accroître leur activité de crédit immobilier. Sa grande crainte ? Que les logements achetés aujourd'hui par des parents, ne puissent être complètement remboursés que deux générations plus tard.

Vers un parti politique des middle class ?

Alertés, les associations de droit au logement, comme le collectif, Génération à louer alertent le gouvernement conservateur de David Cameron:

Les statistiques d'aujourd'hui confirment que notre marché immobilier et son coût exorbitant crée de profondes divisions dans la société. Les propriétaires richissimes se permettent de laisser leurs logements vides tandis que les plus pauvres sont obligés de vivre entassés les uns sur les autres."

Si les associations militent pour un coup pouce de la part du gouvernement, David Boyle propose, lui, une solution plus radicale. Créer un parti politique composé exclusivement de membres de la classe moyenne. Pour l'économiste, eux seuls, sont aujourd'hui capables de défendre leurs intérêts et de se faire entendre, au moins lors des élections.




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