Tous les trimestres de grossesse sont désormais pris en compte pour la retraite des mamans. Mais cela ne concerne que celles ayant eu un enfant depuis le 1er janvier 2014. Dans le même temps, en Allemagne une réforme comparable est nettement plus généreuse.
C'est officiel depuis le 1er juin: tous les trimestres de grossesse sont désormais pris en compte pour les retraites des mamans. Un progrès majeur pour les femmes qui ne sont désormais plus obligées de travailler plus longtemps pour compenser le manque à gagner.
Mais la réforme ne s'applique que pour celles qui ont accouché après le 1er janvier 2014, ce qui en limite considérablement la portée. Pour les futures mamans ayant mis au monde un ou des enfants avant cette date couperet, l'interruption de travail pour grossesse restera pénalisant pour le calcul de leurs retraites: seul un trimestre par enfant pouvait être pris en compte, même si la durée du congé de maternité était supérieure.
A l'inverse, à partir du 1er janvier 2014, les périodes de congés maternité seront validés sur la base d'un trimestre pour 90 jours de congés dans la limite de deux trimestres à partir du 3ème enfant (voir infographie). Pour le premier et deuxième enfant, la réforme ne change rien, sauf dans le cas de jumeaux. La durée d'indemnisation reste limitée à un trimestre seulement.
Enfin, à la naissance de triplés, le congé maternité permet de faire valoir trois trimestres. Cette mesure est également étendue dans le cas de l'adoption. En effet, l'adoption donne droit à des indemnités journalières, un trimestre peut donc être validé au bout de 90 jours.
Cette décision, défendue par Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, devrait profiter à 70 000 femmes chaque année, selon Le Parisien. C'est peu sur les 810 000 bébés nés en 2013.
Décret paru aujourd'hui : tous les trimestres de maternité pris en compte pour la retraite. Engagement tenu. Avancée majeure pour les femmes
— Marisol Touraine (@MarisolTouraine) 1 Juin 2014
L'Allemagne plus généreuse pour les mamans
La France n'est pas le seul pays européen qui dans le cadre d'une réforme de son système de retraite, revalorise le temps passé à s’occuper des enfants après la naissance. Ainsi en Allemagne l'aide aux mères de familles va être nettement plus important, car elle ne se limite pas aux nouvelles mamans. Bien au contraire. Désormais, l'aide apportée aux mères de famille (Mütterrente) va également concerner les enfants nés avant 1992. Jusqu'à présent, seules les mères ayant accouché après 1992 bénéficiaient d’un soutien.
Le système de retraite en Allemagne diffère du système français dans la mesure où il s'agit d'une répartition par points, qui prend en compte différents facteurs. Les principaux facteurs sont l’âge de départ, le taux de cotisation, le taux de remplacement de base et la valeur annuelle du point de retraite.
Ainsi, avant la réforme, la naissance d'un enfant après 1992 permettait à sa mère d'obtenir trois points, tandis que les naissances des enfants avant 1992 ne permettaient pas de bénéficier de points. La nouvelle réforme, qui entrera en vigueur le 1er juillet prochain, corrigera en partie cette injustice. Désormais, les mamans des enfants nés avant 1992 obtiendront 2 points de cotisations et non plus 0.
Ce changement va permettre d'augmenter, en Allemagne de l'Ouest, la retraite mensuelle de 28,61 euros par mois pour 2 points, tandis qu’à l'Est, elle augmentera de 26,39 euros. Selon le gouvernement allemand, la réforme devrait profiter à près de 9,5 millions de femmes et seulement 150 000 hommes durant l'année 2014. Bien que ce changement pour les mères ne représente qu'une partie de la réforme des retraites, son coût est élevé, de l'ordre de 43 milliards d'euro.
Une dette envers les femmes
Cette modification du calcul des retraites pour les familles est souvent considérée outre-Rhin comme le remboursement partiel d'une dette envers les femmes allemandes, dans la mesure où l’Etat ne leur a pas laissé le choix. En effet, la répartition traditionnelle du travail dans les familles est le résultat d’une politique menée à l’Ouest jusque dans les années 90. C’est en raison d’un manque de structures d’accueil et d’emplois à temps partiel que, bien souvent, elles ont été contraintes à renoncer à un emploi pour leurs enfants et ainsi de perdre leur cotisation pour la retraire.
La reconnaissance des temps de congés maternité dans les cotisations pour les retraites est un progrès indéniable pour les droits de la femme. Les réformes menées en France et en Allemagne permettent de lutter contre les inégalités hommes-femmes par la limitation de l'impact des congés maternité sur le temps de cotisation. Cependant, elles ne sont pas complètement satisfaisantes dans la mesure où elles ne contribuent pas à la lutte contre la pauvreté pour les femmes âgées.
Ces réformes sont également le reflet d’une inquiétude : la valorisation de la maternité a pour but de relancer les naissances dans des sociétés de plus en plus vieillissantes.