L'Espagne annonce une baisse conséquente des impôts sur le revenu entre 2015 et 2016 au grand dam de Bruxelles. Le début de la fin de l'austérité?
Alors que ce matin, sur France Inter, Manuel Valls a annoncé une baisse prochaine des impôts des classes moyennes en France, le gouvernement espagnol a présenté son projet de réforme fiscale. Il prévoit une réduction de 12,5% de l'impôt sur le revenu entre 2015 et 2016. Le gouvernement Rajoy souhaite ainsi revenir au niveau d'imposition de 2011, lorsque le Parti Populaire a pris le pouvoir.
L'exécutif a ajouté que, pour 72% des Espagnols, c'est-à-dire ceux ayant un revenu inférieur à 24.000 euros par an, cette baisse atteindrait 23,5% d'ici à deux ans.
Dans le même temps il s'engage à ne pas augmenter la TVA et le nombre de tranches d'imposition devrait également passer de sept à cinq. La tranche maximale d'imposition passera d'ailleurs de 52% à 47%.
L'impôt sur les sociétés sera également réduit de 30% à 28% en 2015, puis 25% en 2016.
Le gouvernement espagnol estime ainsi qu'il est temps de "récompenser les efforts fournis par les Espagnols pendant la crise". Il y voit également une façon de relancer l'économie, estimant que sa réforme fiscale pourrait aboutir à une croissance du PIB de 0,55% d'ici 2016, soit 5,5 milliards d'euros en plus dans les caisses de l'Etat.
A Bruxelles, on met en garde contre un nouveau dérapage des comptes publics espagnols, craignant que ces réductions fiscales n'empêchent la poursuite de la réduction du déficit.
Le gouvernement Rajoy estime que la situation économique actuelle en Espagne est en cours de redressement. La croissance s'établit à 0,5% et est légèrement au-dessus de la moyenne de la zone euro (0,4%). Le chômage a connu une baisse sensible de 2,3% en mai dernier. Ce qui permet au gouvernement retrouver une marge de manœuvre fiscale.
Quelques sceptiques y voient une stratégie politique. L'Espagne va entrer dans une période électorale dense, qui devrait justement se clore en… 2016.