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Que faire des djihadistes de retour dans leur pays ?

jeudi, 2 octobre, 2014 - 16:43

La France et le Royaume-Uni misent essentiellement sur des mesures répressives pàur dissuader les candidats au djihad alors que d'autres pays d'Europe veulent les réintégrer à leur retour en les "déradicalisant".

 

Chronique sur RFI - La lutte contre les djihadistes 

 

Combien de djihadistes européens sont partis combattre dans les rangs de l'Etat islamique en Irak ou en Syrie?  En juillet dernier, Gilles de Kerchove, le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, estimait qu'ils étaient 2000. Aujourd'hui, ils seraient environ 3000. Le flux des départs s'étant amplifié avec l'avancée éclair de l'organisation Etat islamique en Irak puis en Syrie.

Sur ces 3000 Européens, 930 seraient Français, selon Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur, . Les djihadistes français sont donc de loin les plus nombreux, devant les Britanniques qui seraient 500. Viendraient ensuite les Allemands, les Belges et les Danois.

Combien sont revenus d'Irak ou de Syrie ? Toujours selon le coordinateur européen, entre 20 et 30% des djihadistes sont rentrés chez eux. Certains auraient repris une vie normale comme si de rien n'était, mais d'autres pourraient vouloir continuer leur combat dans leur pays. Ils sont d'autant plus dangereux qu'ils peuvent agir en solitaire après avoir appris le maniement des armes.

Quelles sont les mesures prises par les pays européens ? La France disposait déjà d'une législation permettant de poursuivre préventivement au titre d'association de "malfaiteurs terroristes" les djihadistes avant même leur départ. Plusieurs candidats au djihad ont ainsi été condamnés avant de quitter la France. Le plan anti-djihad mis en place fin avril avec un numéro vert permettant aux familles d'alerter les autorités a complété ce dispositif. Cela aurait permis de recueillir prés de 250 signalements jugés pertinents. 

Par ailleurs trois hommes qui sont rendus d'eux-mêmes aux autorités à leur retour de Syrie ont été mis en examen samedi dernier par un juge anti-terroriste et placés en détention provisoire.

David Cameron fait de la surenchère

Et dernièrement, les députés français ont approuvé le 16 septembre l'interdiction administrative de sortie du territoire pour les personnes suspectées de vouloir partir combattre en Irak ou Syrie. Cette interdiction s'accompagne du retrait immédiat du passeport et de la carte d'identité.

Au Royaume-Uni, à la suite de la décapitation du journaliste américain James Foley par un djihadiste britannique, le gouvernement Cameron a renforcé l'arsenal juridique anti-djihad. Les autorités peuvent désormais assigner à résidence les personnes soupçonnées de vouloir partir et prendre leur passeport.

Londres a également pris des mesures sans précédent pour empêcher le retour des djihadistes. Ainsi, un djihadiste ayant une double nationalité ou naturalisé peut être déchu de sa nationalité britannique.

Et David Cameron voudrait aller plus loin en interdisant l’entrée du territoire aux citoyens britanniques soupçonnés de s’être livrés à des activités terroristes. Une telle mesure serait cependant totalement contraire au droit international, puisqu'elle contreviendrait à l'article 12 du pacte international sur les droits civils stipulant que "nul ne peut être arbitrairement privé du droit d'entrée dans son propre pays".

De plus, cela reviendrait à considérer que djihadiste serait libre de commettre des actes de terrorisme partout ailleurs qu'au Royaume-Uni. Il faut également noter que ce même article 12 de ce pacte international précise que "toute personne est libre de quitter n'importe quel pays, y compris le sien" s'il ne fait pas l'objet de poursuites judiciaires. L'interdiction administrative de sortie française est donc également contestable. 

Les Pays-Bas viennent également de décider le retrait de leur passeport néerlandais aux djihadistes ayant une double nationalité. Et la semaine dernière un djihadiste de 22 ans d’origine marocaine de retour de Syrie a été arrêté à La Haye et son passeport lui été retiré. Dans une vidéo il appelait à lutter contre les pays européens membres de la coalition anti-Etat islamique. Autres exemples récents: deux couples soupçonnés de vouloir rejoindre les djihadistes ont également été arrêtés. Les néerlandais donnent par ailleurs des cours de "déradicalisation" aux djihadistes.

Internet et réseaux sociaux sous surveillance

En Autriche, on mise par ailleurs sur l'éducation. Dans les écoles des professeurs d'éducation islamique sont rémunérés par l'Etat et ceci depuis des années afin d'éviter les amalgames en Islam et islamistes.

Au Danemark, un programme de réhabilitation pour les Danois partis de retour du djihad a été mis en place. Au sein de la police une section pour la prévention de la radicalisation a été créée. Les policiers de cette unité proposent un suivi médical et psychologique aux djihadistes de retour de Syrie.

Pour sa part, l'Allemagne vient d'interdire le recrutement et la propagande pour Etat Islamique, sur internet. La sanction est immédiate: les responsables des sites ou des blogs sont passibles de lourdes peines et les site sont fermés. Les réseaux sociaux sont également étroitement surveillés.

Enfin, d'autres pays qui n'ont pas mis en place un nouvel arsenal anti-jihad, multiplient les actions en justice. Ainsi, pour la première fois en Espagne une candidate au djihad a été arrêtée et en Belgique 46 membres de Sharia4Belgium, groupuscule radical islamiste suspecté d'être un important fournisseur de djihadistes pour l'organisation Etat islamique, sont actuellement jugés devant le tribunal d'Anvers.




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