Le blocage des salaires en France pendant trois ans proposé par Jean Pisani-Ferry et Henrik Enderlein, économistes missionnés par Merkel et Hollande pour sortir la France du marasme, se heurte à une réalité complexe. Le pouvoir d'achat est déjà en berne, mais pas partout...
Chronique sur RFI - Le pouvoir d'achat des Européens
Le Speigel, magazine allemand à grand tirage, laisse entendre que le rapport demandé par Berlin et Paris à deux économistes de renom, Jean Pisani-Ferry et Henrik Enderlein, préconiserait le blocage des salaires en France pendant 3 ans et donc de leur pouvoir d'achat.
Problème : les Français, plus fourmis que cigales, n'ont pas attendu ces deux économistes distingués pour réduire leur train de vie dans un contexte pour le moins incertain. Et le gel des revenus, ne peut que renforcer l'effet récessif d'une baisse de la consommation.
Et ceci alors que l'Europe est en panne. Si la croissance attendue cette année en Europe par Eurostat est de 1,6%, l'augmentation du pouvoir d'achat sera de seulement 1% d'après l'étude annuelle de l'institut GFK.
Pour ce cabinet spécialisé dans les comparaisons internationales, le Liechtenstein reste, et de loin, le pays où ses habitants peuvent dépenser sans compter, puisqu’ils disposent de près de 55.000 euros par an et par personne.
Mais les Danois sont ceux qui ont vu leur pouvoir d'achat progresser le plus par rapport à l'année dernière. Ils sont ainsi passés de la 7ème place à la 5ème du Top Ten des pays européens pour le pouvoir d'achat, avec 22 000 euros de revenus disponibles.
Après les habitants du Liechtenstein, il y a les Suisses, avec 37 000 euros, les Norvégiens avec 30 600 euros et les Luxembourgeois, premier pays de l'Union européenne, avec 28.850 euros. Viennent ensuite, les Autrichiens, les Allemands et les Suédois qui ont un pouvoir d'achat de l'ordre de 21 500 euros.
Les Parisiens plus riches que les riches Luxembourgois
Les Français, 9ème de ce classement, ne sont pas loin. Avec 19 650 euros, ils devancent d'une courte tête les Finlandais. Par rapport à l’an dernier, ce pouvoir d’achat des Français est en hausse de 0,4%.
Mais ces chiffres au niveau national cachent d'importantes disparités de pouvoir d'achat entre les régions ou même les villes. Elles sont encore plus importantes qu'entre les pays.
Ainsi les Parisiens, et pas seulement ceux des quartiers les plus aisés, ont un pouvoir d'achat moyen supérieur à celui des riches Luxembourgeois, avec prés de 31 000 euros disponibles pour faire leurs courses ou épargner !
Les habitants de Boulogne-Billancourt ne sont également pas à plaindre avec un pouvoir d'achat 30 500 euros. Viennent ensuite ceux de Saint-Germain-en-Laye, Versailles, Antony. A l'inverse, Saint Denis de la Réunion est la ville au plus faible pouvoir d'achat avec seulement un peu moins de 14 000 euros par personne.
Et au niveau des régions, l'Ile-de-France est, sans surprise, en tête, devant Rhône-Alpes et PACA, puis l'Alsace, le Centre et l'Aquitaine, la Bourgogne et Midi-Pyrénées. La Corse et le Nord-Pas-Calais ferment la marche.
Mais si les Parisiens disposent d'un pouvoir d'achat élevé, ils paient cher pour se loger. Ainsi, selon les récents calculs d'un site internet spécialisé dans le crédit immobilier, sur les 10 plus grandes métropoles françaises, Marseille est la ville où le pouvoir d’achat immobilier est le plus important du fait de la baisse des prix de l'immobilier et de la baisse du coût des crédits.
Après Marseille, Strasbourg, Toulouse, Nantes, Montpellier, ont également vu le pouvoir d'achat immobilier de ses habitants nettement progresser. Cela augmente encore le grand écart avec Paris qui reste une des villes les plus chère d'Europe. Ceci compense en partie cela…