Réduire l'immigration des Européens en Grande-Bretagne est la nouvelle idée fixe de David Cameron. Il est vrai que les étrangers Européens en Europe sont de plus en plus nombreux. Voici les vrais chiffres.
Chronique sur RFI - L'immigration
L'Allemagne, est, loin devant la France ou la Grande Bretagne, le pays qui accueille le plus de migrants en Europe. C'est même le deuxième pays d'immigration au monde derrière les Etats-Unis avec 465 000 nouveaux arrivants l'année dernière, selon les chiffres qui viennent d'être publiés par l'OCDE.
Dans le même temps, la France n'a accueilli que 258 900 personnes. C'est moins que la Grande Bretagne, deuxième pays d'accueil en Europe avec 291 000 nouveaux immigrés arrivés l'année dernière.
Enfin pour compléter ce panorama européen, l'Italie est au même niveau que la France avec 258 400 nouveaux immigrés ayant posé leurs valises en 2013, puis l'Espagne avec 209 800 personnes, devant la Suisse avec 136 200.
Mais ce classement doit être mis en perspective avec le nombre d'habitants. Les Etats-Unis accueillent chaque année près d'un million de migrants, 990 000 en 2013 exactement. C'est beaucoup dans l'absolu, mais sur plus de 316 millions d'Américains, c'est proportionnellement nettement moins que l'Allemagne avec ses 80 millions d'Allemands ou même, dans une moindre mesure, que la France et ses 66 millions de Français.
De leur côté, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne accueillent proportionnellement plus de migrants que la France. Quant aux Néerlandais, c’est encore plus spectaculaire : ils reçoivent deux fois moins d’immigrés que les Français mais ils sont 4 fois moins nombreux !
Quant aux 8 millions de Suisses, il accueillent deux fois plus d'immigrés que leurs voisins autrichiens qui sont à peine plus nombreux.
L'Allemagne préfère les Européens diplômés
Mais en Allemagne ces migrants sont pour les trois-quarts des Européens. Ils viennent d'Europe centrale, mais également, et de plus en plus depuis 4-5 ans, d'Europe du Sud.
Ce sont des Espagnols, des Grecs, des Portugais et même des Italiens qui ne trouvent plus de travail dans leur pays du fait de la crise. Ils sont généralement jeunes et diplômés et prennent le relais des migrants venus de l'Est qui sont venus massivement s'installer en Allemagne après la chute du mur de Berlin.
En France aussi, selon une autre étude sur les flux migratoires réalisée cette fois par l'INSEE sur une plus longue période, le nombre de nouveaux immigrés Espagnols, Italiens, et Portugais, est en forte augmentation.
A eux seuls les ressortissants de ces trois pays représentent prés de la moitié des migrants européens venus s'installer en France de 2009 à 2012. Cette nouvelle vague migratoire du sud de l'Europe, après celle de leurs aïeux d'avant-guerre pour les Italiens et d'après-guerre pour les Portugais et les Espagnols, explique, pour une bonne part, la forte progression de l’immigration intra-européenne en France ces dernières années.
Sur une décennie l'évolution est encore plus impressionnante. Il y a dix ans, un tiers seulement des migrants venaient d'un autre pays de l’Union européenne. Ces nouveaux venus sont, comme en Allemagne, généralement jeunes et qualifiés.
A l'inverse, les Belges immigrants en France sont en moyenne quinquagénaires et les Britanniques encore plus âgés.
33 millions d'étrangers, dont 12 millions d'Européens
Pour les immigrés non-européens, les flux migratoire différent selon les pays. Les maghrébins en France, les Indiens en Grande Bretagne, les Indonésiens aux Pays-Bas, les Turcs en Allemagne,… Cette réalité se vérifie toujours aujourd’hui, mais la misère et les révolutions arabes puis le conflit syrien ont engendré une forte augmentation des demandes d'asile en Europe.
Parmi les migrants qui ne viennent pas de l’Union, il y a :
- 37 % d’Européens dont le pays ne fait pas partie de l'UE (principalement turcs, albanais et ukrainiens)
- 25% d'Africains
- 21 % d’Asiatiques
- 15% d'Américains (venant du continent américain).
Ainsi, au total, il y a 33 millions d'étrangers vivant dans un des 28 pays de l'Union européenne. Ce chiffre comprenant les 12 millions d'Européens vivant dans un autre pays de l'UE.
Il y a donc 21 millions d'étrangers non européens en Europe. Sur les 509 millions de personnes vivant en Europe, cela fait à peine plus de 4% de la population ! Et en France, comme le confirme Fabrice Lenglart, directeur des statistiques démographiques et sociales et l'INSEE, "il y a 3,7 millions d'étrangers en France" soit 5,6% de la population, et non pas 12% comme l'affirme Eric Zemmour (voir vidéo ci dessous).
C'est quand même un peu faible pour parler d'invasion comme le prétendent tous les partis nationaux-populistes européens et encore moins de "grand remplacement" !