Plusieurs partis à la gauche de la gauche se reprennent à rêver au grand soir après la victoire de Syriza en Grèce. Podemos en Espagne est cependant, pour l'heure, le seul pouvant espérer renverser la table en Europe.
Chronique sur RFI - La gauche radicale
Pour le moment, Podemos en Espagne est le seul parti à la gauche de la gauche ayant de réelles chances d'arriver au pouvoir. Il est au coude à coude dans les sondages avec le parti conservateur au pouvoir et devrait bénéficier de la victoire de Syriza. 27% des Espagnols feraient confiance à son leader, Pablo Iglesias, pour diriger leur pays. Et cela dans un proche avenir, les élections municipales et régionales étant en mai prochain et les législatives en novembre.
Mais tout peut changer très vite dans les pays du sud de l'Europe les plus durement touchés par la crise économique. Les cartes politiques peuvent être rapidement rebattues. Les électeurs sont en quête de changement pour que la situation s'améliore enfin. Encore faut-il un Alexis Tsipras incarnant par son charisme une rupture crédible. C'est peut-être le cas en Espagne avec Pablo Iglesias, le leader de Podemos.
Issu du mouvement des Indignés, Podemos est un tout jeune parti fondé il y a seulement un an. Pablo Iglesias est un universitaire professeur de sciences politiques de 36 ans (soit quatre de moins qu'Alexis Tsipras). Il a gagné ses galons en appuyant là où ça fait mal pour les caciques du PP, le parti conservateur au pouvoir, et pour les socialistes du PSOE : la corruption et les conséquences sociales de la rigueur budgétaire. Iglesias s'affirme anti-libéral mais avant tout antisystème.
Formés aux Jeunesses communistes
Mais, confronté à la réalité, il devra sans doute composer avec ses convictions s'il arrive, à son tour, au pouvoir. Ce qui est vrai pour Tsipras, le sera pour Iglesias. Ceci d'autant plus qu'il ont été formés à la même école des Jeunesses communistes où ils ont commencé à militer très jeunes.
Pourtant Alexis Tsipras a préféré s'allier pour former son gouvernement au petit parti souverainiste des "Grecs Indépendants" qui se situe à la droite de la droite, plutôt qu'avec ses anciens compagnons de route communistes du KKE avec lesquels il entretient des relations guère fraternelles. Pas sûr, néanmoins, que cela rassure Angela Merkel…
Le succès foudroyant de Syriza et de Podemos qui ont su convaincre qu'il existait une alternative à la doxa économique de la troïka (Commission européenne, BCE et FMI) en promettant moins de rigueur et un desserrement de l'étau de la dette, reste néanmoins, pour le moment du moins, des exceptions. Ailleurs en Europe du sud, la gauche radicale est à la peine.
Les Portugais ont oublié la révolution
Au Portugal, par exemple, le "Bloc de gauche" issu de la fusion de plusieurs partis d'extrême gauche à la fin des années 2000, a, certes, obtenu jusqu'à 10% des suffrages aux législatives de 2009 mais il est depuis en déclin. La Révolution des œillets paraît aujourd'hui bien loin. Un nouveau parti, plus alternatif qu'antisystème, a bien vu le jour il y a deux ans. Baptisé "Livre" (pour Liberté, Gauche, Europe et Ecologie en portugais) il avait pour ambition de rassembler "les déçus de la gauche", mais il est resté marginal.
Et en Italie, Beppe Grillo a effectivement catalysé un temps le mécontentement populaire en créant, fin 2009, le "Mouvement 5 étoiles". Il avait, lui aussi, bâti son succès en dénonçant la corruption généralisée et en refusant les alliances avec des partis traditionnels. Mais son égocentrisme et son populisme aux forts relents xénophobes ont finit par lasser.
Beppe Grillo perd sa bonne étoile
Après avoir obtenu plus de 25% des voix aux élections législatives de 2013 et encore 21% aux Européennes (mais loin derrière le Parti démocrate de Matteo Renzi) "Cinque stelle" n'a plus la bonne étoile et la contestation interne s’amplifie dans le mouvement.
Même si, dernièrement, il est légèrement remonté dans les sondages, il n’est plus crédité que de 18% et lors des dernières élections régionales en Calabre, il s’est effondré à 4%. Un déclin qui, pour l’heure, profite surtout à Matteo Salvini, le nouveau leader des séparatistes xénophobes de la ligue du Nord qui renait de ses cendres avec, à en croire les sondages, 30% d’opinions favorables.
Quant au petit parti de "Gauche-écologie-liberté" (Sinistra Ecologia Libertà, SEL), il s'est associé sans grand succès lors des élections européennes avec Rifondazione Comunista sur la liste "L'autre Europe avec Tsipras". Mais cette alliance n'a convaincu que 4% des électeurs, sans doute du fait de son attitude ambiguë vis-à-vis du gouvernement.
En France, Jean-Luc Mélenchon veut croire que la victoire de Syriza sera contagieuse et que l'Europe peut être refondée sur de nouvelles bases pour ne plus être soumise au dictat allemand. Mais, malgré ses talents oratoires, le passé d'ex-cacique socialiste du leader du Front de gauche reste un handicap pour élargir la base électorale de son mouvement. Et sa récente tentative de rapprochement avec les Verts, ou plus exactement avec Cécile Duflot, est laborieuse..
Die Linke, seul avec les Grecs
Reste Die Linke, seul parti allemand à s'être félicité de la victoire de Syriza. Créé en 2007, il a été fondé par des contestataires du parti social-démocrate et des anciens du parti communiste est-allemand. Mais il est peu probable que Die Linke puisse électoralement profiter de la nouvelle donne en Grèce dans un pays où la Chancelière a le soutien indéfectible de la majorité de ses concitoyens dont bon nombre partagent son héllénophobie.