Le surpoids et l'obésité menacent la santé et la qualité de vie de millions d'Européens. Un fléau grandissant engendré par la malbouffe et l'inactivité physique.
Chronique sur RFI - L'obésité menace le continent
Les Européens on longtemps été relativement épargnés comparé aux Etats-Unis, mais aujourd'hui l'OMS tire la sonnette d'alarme. Selon l'Organisation mondiale de la santé d'ici à 2030, les Européens vont grossir de manière alarmante, à tel point que l'obésité risque de devenir une épidémie.
Cette inquiétante évolution est la conséquence de la généralisation d'une alimentation déséquilibrée, trop riche, trop grasse, trop salée, trop sucrée… Une malbouffe généralisée engendrée par des modes de vie privilégiant les plats préparés souvent de mauvaise qualité, la restauration rapide et autres sodas. Conjugué à un manque d'exercice physique, c'est, prévient l'OMS, une bombe à retardement qui met en danger de plus en plus d'Européens.
Les Irlandaises too fat
Un tableau trop alarmiste? Pas vraiment. Les pays européens sont tous plus ou moins touchés, mais pour certains comme l'Irlande, c'est vraiment dramatique.
Aujourd'hui 1 Irlandais sur 4 est déjà obèse et 3 sur 4 en surpoids (voir calcul du surpoids à la fin de cet article). Mais si rien n'est fait pour les mettre au régime, d'ici à 15 ans, les Irlandais seront pratiquement tous trop gros (90% seront en surpoids). Pour les Irlandaises, ces prévisions sont encore pires: 83% seront en surpoids et 57% seront obèses contre 23% aujourd’hui. Cela va bien évidemment poser des problèmes considérables de santé publique.
Il faut également s'attendre au pire en Grande-Bretagne. Le tiers des hommes et des femmes seront obèses dans ce pays dans 15 ans. Mais nos voisins britanniques ont déjà une nette tendance à l'embonpoint important : 70% des hommes et 59% des femmes sont en surpoids.
Les Grecs doivent eux aussi surveiller leur ligne. Les nutritionnistes vantent souvent le régime grec, réputé être parmi les plus sains du monde, mais, soit ils se trompent, soit les Grecs se nourrissent avec la crise économique de plus en plus mal, car au pays d'Apollon la proportion d'obèses dans ce pays devrait doubler d'ici 2030, passant de 20 à 40%.
En France, comme en Suède et au Portugal, l'évolution du surpoids est également inquiétante. Ainsi près de 6 Françaises sur 10 seront en surpoids en 2030 contre 4 sur 10 actuellement. Et pour les hommes ce seront presque 7 sur 10 contre 5 sur 10 aujourd'hui. Parallèlement, le nombre d'obèses aura pratiquement doublé: il touchera 1 Français sur 4 et une Française sur 3 contre 14 et 16% actuellement
Le Néerlandais épargnés
Le nombre d'obèses en Europe devrait augmenter partout en Europe à l'exception notable des Pays-Bas. C'est déjà l’un des pays les moins touchés par l'obésité, mais c'est le seul où l'on va encore perdre des kilos dans les prochaines années. Il ne devrait plus avoir d'ici 15 ans que 8% des Néerlandais et 9% des Néerlandaises obèses contre 10 et 13% aujourd'hui.
Il faut aussi souligner que dans quelques pays, comme la Lituanie, la Suisse, l'Allemagne, la Pologne et le Danemark, la situation restera moins critique qu'ailleurs, du moins pour les femmes.
Quant aux adultes de demain, ils partent trop souvent avec cet handicap des kilos en trop dès leurs premières années. Trois enfants de moins de 5 ans sur 10 sont trop gros ou même obèse en Irlande et 2 sur 10 en Grande-Bretagne comme en Espagne. En France et en Italie, c'est 1 sur 10.
Face à cette épidémie les mesures prises pour combattre la malbouffe et ses conséquences restent bien timides.
Des étiquettes illisibles
Au niveau européen, les règles d'étiquetage pour les denrées alimentaires transformées ont récemment été modifiées afin de les rendre plus intelligibles, mais elles ne seront pas obligatoires avant décembre 2016. Elles concerneront notamment l'indication des ingrédients potentiellement néfaste pour la santé, comme les succédanés alimentaire et l'origine des ingrédients utilisés.
Pour les associations de consommateurs européennes, c'est loin d'être suffisant. Les informations sur la composition nutritionnelle et les calories déjà présentes sur les emballages étant totalement incompréhensibles pour le commun des consommateurs, elles proposent d'imposer des codes couleurs semblables à ceux des indices de la consommation d'énergie pour l'électroménager. Les produits les moins caloriques porteraient une pastille verte, puis l’échelle passerait par le jaune, l’orange, le rose et enfin le rouge qui désignerait les aliments les plus néfastes pour la prise de poids.
Mieux informer
En France, le "Programme national nutrition-santé" et le "Plan obésité" mettent l'accent sur le dépistage des troubles nutritionnels et sur la promotion de l’activité physique quotidienne. Par ailleurs depuis 2007, toutes les pubs pour des produits alimentaires doivent s'accompagner d'un message d'avertissement comme "Pratiquez une activité physique régulière" ou "Evitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé , "Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour".
D'autres pays misent sur le prix pour détourner les consommateurs de produits les plus nocifs. Comme le Danemark qui a mis en place, il y a 4 ans, une taxe sur les graisses saturées. Chips et cookies, mais également les huiles, le fromage et les pizzas surgelées sont imposées à raison de plus de 2 euros par kg de graisse saturée. Seul problème : ces taxes touchent surtout ce qui n'ont pas le temps et les moyens de manger mieux.
Faire que la "junk food" soit plus chère contraint les plus pauvres à manger moins, mais pas mieux…
Une personne est considérée en surpoids lorsque son indice de masse corporelle qui correspond au rapport entre poids et taille au carré, dépasse 25 kg/m2 et elle est obèse quand l'IMC dépasse 30 kg/m2.