A chacun sa drogue. Les Français ont une nette préférence pour le cannabis. Les Britanniques et les Espagnols ont un faible pour la coke. D'autres Européens sont, eux, sous la dépendance de l’héroïne et autres opiacés…
Chronique sur RFI - Les drogues
Le volumineux rapport annuel l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies sur la consommation de cannabis, cocaïne, opiacés et autres substances altérant la conscience, dans les pays de l'Union européenne dresse un tableau très précis et, comme il se doit, stupéfiant.
On y apprend notamment que:
- Près d’un Européen adulte sur quatre, soit 80 millions d'individus, a déjà consommé des drogues illicites.
- Que le cannabis est la drogue la plus répandue : sur les 80 millions d'Européens qui ont fait dans leur vie usage d'un stupéfiant, 75 millions ont consommé du cannabis.
- Que la cocaïne est en augmentation : 15 millions d'Européens en auraient déjà consommé et rien que l'année dernière 4 millions et demi ont cédé à la tentation de la poudre blanche.
- Que l'usage des amphétamines et de l'Ecstasy est très variable selon l'âge et les pays.
Joints de plus en plus psychoactifs
Quand on les interroge, les Français sont de loin les plus nombreux à reconnaitre avoir au moins une fois dans leur vie tiré sur un joint. Ils sont près de 41% à y avoir goûté. Les Danois sont 35% à avoir fait de même, comme 30% des Espagnols, 26% des Néerlandais et des Irlandais, suivis des Norvégiens et des Allemands. Quant aux Britanniques, un sur cinq aurait essayé et seulement un Portugais ou un Grec sur dix…
Le cannabis est particulièrement bien ancré dans les habitudes des jeunes adultes français : 22% des 15- 34 ans en ont fumé au cours des douze derniers mois.
C'est quand même deux fois plus que la moyenne des Européens dans la même tranche d'âge. Et cette consommation est en nette augmentation depuis 2010 en France comme au Danemark. A l'inverse, elle diminue au Royaume-Uni et en Allemagne.
L'observatoire confirme également que le taux de THC, c'est dire la molécule psychoactive qui modifie l'état de conscience, a pratiquement doublé en dix ans. C'est le résultat d'une sélection et de croisements des plants de cannabis ayant les teneurs les plus élevées. Mais si le cannabis est néfaste pour la santé, il reste bien moins dangereux que la cocaïne ou plus encore les opiacés comme l’héroïne, la morphine ou la méthadone, opiacé de synthèse utilisé dans le traitement de la dépendance à l’héroïne.
Les Espagnols et les Anglais préfèrent la coke
Pour la cocaïne les pays les plus touchés sont l'Espagne et le Royaume-Uni. Plus d'un Espagnol sur 10 en consomme et les Britanniques sont presque aussi nombreux. Les Français, les Néerlandais et Danois suivent, mais ils sont deux fois moins nombreux à sniffer de la coke. Les Italiens, les Norvégiens et les Allemands y sont encore moins accros et cette drogue est pratiquement inconnue en Grèce, en Slovaquie ou en Roumanie.
Certains indices recoupent ces chiffres. L'observatoire européen a notamment comparé le taux de résidus de coke dans les eaux usées de grandes métropoles européennes et les résultats sont nets. Les samedi, jour où la consommation est la plus importante, le taux de ces résidus dans les eaux usées atteint 850 mg pour 1000 habitants à Londres, 540 mg à Barcelone et 315 à Paris.
Overdoses en Estonie, en Suède et Norvège
Autre critère plus sombre, le nombre de décès par millions d'habitants dus à la drogue est nettement plus important dans les pays qui consomment le plus de drogues dures comme la cocaïne. Les pays où la situation est la plus dramatique sont l'Estonie avec 127 décès par million d’habitants, suivie de la Suède et de la Norvège avec près de 70 décès, du Danemark et de l'Irlande avec 60, de la Finlande avec 55 et du Royaume-Uni avec 45. A l'inverse, on meurt comparativement peu d'overdose en France, avec moins de 7 décès par million d'habitants.
1,3 million d'Européens sont qualifiés par l'Office européen des drogues, d' "usagers problématiques" des multiples dérivés de l'opium. Ils seraient responsables de 66% des décès de 15 à 39 ans.
L’injection de drogue continue de jouer un rôle important dans la transmission de maladies infectieuses véhiculées par le sang, telles que le VIH et l’hépatite C. Mais la situation s'améliore. Le taux moyen de nouveaux cas de VIH du fait d'une injection de drogue avec une seringue infectée semble circonscrit depuis quelques années à 2,5 cas par million d’habitants en Europe.
De plus, les diagnostics précoces et l’administration rapide d’un traitement de plus en plus efficace ont permis une meilleure prévention l’évolution de l’infection par le VIH vers le SIDA. Moins de 8% des cas de SIDA déclarés au cours de la dernière décennie seraient ainsi imputables à l'injection de drogues. C'est la seule vraie bonne nouvelle de cette enquête, mais elle est majeure.