Syndicate content

Les alliances rouges, roses ou bleues des Verts européens

mardi, 20 octobre, 2015 - 11:23

Le référendum organisé ce week-end par les socialistes français visait à pousser les Verts d’EELV à l’alliance. Mais ces derniers regardent plutôt en direction de la gauche de la gauche tandis que les dissidents verts modérés fondent un nouveau parti. En Europe, les écologistes ont construit des alliances très diverses.

 

Chronique sur RFI - Les alliances des Verts en Europe 

 

Pousser les Verts d’EELV à s’allier aux socialistes à l’occasion des prochaines élections européennes, tel était l’objectif du « référendum » organisé ce week-end par le PS. Mais le parti dirigé par Emmanuelle Cosse a peu de chance d’être sensible au résultat de cette consultation fort contestée, EELV continuant à se diviser entre les partisans de l’indépendance électorale  et ceux d’une alliance avec le Front de Gauche, alliance d’ores et déjà scellée en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en PACA.

Au même moment, les dissidents Verts menés par Jean-Vincent Placé ont portés samedi sur les fonds baptismaux l’Union des démocrates et des écologistes (UDE) avec pour objectif avoué de contrer la dérive « gauchiste » d’EELV et de servir de force d’appoint au PS.

Ailleurs en Europe, ces déchirements existent ou ont existé. Mais la scission entre EELV et la nouvelle UDE est unique en son genre dans la mesure où elle divise des écologistes penchant vers la gauche de la gauche, avec des tendances libertaires, et des écologistes affichant sans ambiguïté leur positionnement au centre gauche. Chez nos voisins, les scissions ne se sont pas faites sur ce clivage idéologique.

Gauche-droite, gauche-gauche…

En Suisse où les électeurs étaient appelés, dimanche, à renouveler le conseil fédéral, il existe deux partis écologistes. Le parti écologiste suisse (PES), classiquement positionné au centre gauche, qui vient de réunir 7,1% (contre 8,4% aux précédentes élections). Et il y a aussi le Parti vert libéral qui, comme son nom l’indique, se place clairement au centre droit. Ce qui ne l’empêche pas d’être lui aussi en baisse (à 4,6% contre 5,4%).

En Espagne, c’est tout différent. Dans ce pays où le mouvement écologiste a toujours été faible, il existe deux partis écolo assez confidentiels qui, pour émerger, s’allient avec d’autres formations. « Los Verdes» a fait le choix, aux Européennes de 2014, d’entrer dans la coalition de la gauche plurielle (« Izquierda plural ») avec le parti communiste. Mais il existe aussi une autre formation, le parti Equo, qui s’est alliée avec plusieurs petites formations d’extrême gauche. Bref, Outre-Pyrénées, l’écologie est résolument à gauche et pas du tout tentée par l’alliance avec les socialistes. Et elle reste marginale.

Autre exemple, celui de l’Allemagne. Dans ce pays où les « Grünen » dépassent régulièrement les 10% aux élections et participent à de nombreux gouvernements régionaux, il existe un parti vert dissident depuis 1982, le parti écologiste démocrate ÖDP. Cette formation, qui a quand même réussi à obtenir un siège au Parlement européen et qui réunit de 2 à 4% des suffrages aux élections régionales de Bavière peut se ranger parmi les partis conservateurs puisqu’elle est proche des positions des chrétiens sociaux bavarois (CSU) sur plusieurs sujets de société comme l’euthanasie, l’avortement où même la peine de mort !

Ce cas reste cependant anecdotique et les partis verts en Europe peuvent se classer ou bien à la gauche de la gauche, ou bien au centre gauche ou encore au centre ou au centre droit. Dans ce dernier cas, ils affirment en général leur indépendance et leur refus du système partisan traditionnel.

La filiation libertaire et alternative

A la naissance de l’écologie politique, dans les années 80, les partis verts étaient très souvent issus de groupuscules alternatifs, contestataires et libertaires. Mais la volonté d’orienter réellement les politiques gouvernementales a déradicalisé ces mouvements et, actuellement, ces verts franchement « rouges » se trouvent d’abord dans des pays du sud où ils réalisent des scores très faibles : en Espagne, comme on l’a vu, mais aussi en Italie où « I verdi » sont proches des ex-communistes et en Grèce où les « Verts écologistes » se sont alliés avec Syrisa.

Plus au nord, on trouve aussi des « verts rouges » moins marginalisés. Aux Pays-Bas, Groenlinks – la gauche verte – approche les 5% aux élections nationales et atteint 7% aux dernières européennes. Elle coexiste d’ailleurs avec un tout petit parti plus modéré, « de Groenen ». Et puis, au Danemark, le « parti populaire socialiste » est, comme son nom ne l’indique pas, un parti écolo bien à gauche qui n’a toutefois pas hésité à participer au gouvernement social-démocrate de Madame Thorning-Schmidt. Ce PPS a vu son influence refluer à 4% aux élections de 2015. Par ailleurs, les écolos danois se retrouvent également dans une alliance rouge-verte d’extrême gauche eurosceptique qui a rassemblé 8% des suffrages en 2015.

Les gros bataillons verts désormais au centre-gauche

Il n’en reste pas moins que, désormais, près de la moitié des formations écologistes se classent plutôt au sein de la gauche modérée. On a parlé du parti écologiste suisse, il faut citer aussi les « Groen » flamands, les verts britanniques, suédois, polonais, tchèques et bien sûr les verts allemands. Mais attention, tous ces écologistes de centre-gauche ne s’allient pas forcément avec les socio-démocrates.

Ainsi, en Allemagne, les verts participent au gouvernement de 7 länder avec les socio-démocrates du SPD. Mais ils sont également alliés avec la gauche de Die Linke qui dirige la Thuringe et puis, en Hesse, ils gouvernent avec les conservateurs de la CDU.

Ni droite, ni gauche

Un groupe non-négligeable de partis verts en Europe ont des positions neutres en ce qu’ils affichent leurs distances avec l’échiquier politique traditionnel. D’où le fait qu’ils ne répugnent aucunement à s’allier avec le centre droit, voire la droite. On se souvient que les « écolos » belges francophones ont participé de 1999 à 2003 au gouvernement libéral de Guy Verhofstadt.

La « ligue verte » finlandaise a eu des représentants dans plusieurs gouvernements libéraux et mêmes conservateurs. Le « Green party » irlandais comptait jusqu’en 2011 des ministres dans les gouvernements de centre droit dirigés par le Fiana Fail. Et enfin, en Autriche, «  Alternative verte » participe à la très grande coalition de Carinthie qui voit coexister socio-démocrates, chrétiens démocrates et le mouvement populiste du FPÖ que l’on peut situer à l’extrême droite !

Le Président vert

Outre le parti vert libéral suisse et de l’ÖDP allemand évoqués plus haut,  un autre parti qui ne saurait renier son orientation droite modérée, ce sont les Verts de Lettonie. Un de leurs représentants, Raimonds Vejonis, a été ministre de l’environnement de sept gouvernements libéraux et conservateurs avant d’occuper le poste de ministre de la défense dans le gouvernement de droite de Madame Laimdota Stranjuma. Et, en juin dernier, il a été élu président de la république, devenant ainsi le premier chef d’Etat écologiste du continent. 




Pays