Une enquête de l’INSEE montre que le partage du travail domestique progresse en France. Assez lentement, mais suffisamment pour placer les Françaises parmi les mieux loties d'Europe. Sur l’écart salarial comme sur l’indice géneral de l’inégalité des genres, l’Hexagone se classe seulement honnêtement.
Chronique sur RFI - Les inégalités hommes-femmes
Publiée la semaine dernière, l’étude de l’INSEE sur le travail domestique est un petit événement car cette enquête n’est menée que tous les douze ans ! En fait, c’est la troisième du genre effectuée selon la même méthodogie après les enquêtes de 1986 et de 1999. Sans surprise, le millesime 2015 nous montre que les femmes continuent d’en faire deux fois plus à la maison que les hommes mais, bonne nouvelle, cette inégalité entre les sexes diminue.
Pas de quoi pavoiser toutefois. Par rapport à 1986, les hommes ne consacrent que 6 minutes de plus par jour aux tâches domestiques, en moyenne 2 heures et 13 minutes par jour. En fait, si la répartition des tâches est moins inégalitaire, c’est que les femmes y consacrent, elles, 1 h 05 de moins qu’il y a 25 ans, ce qui fait quand même 4 heures quotidiennes… Une amélioration qui est donc moins due à la bonne volonté de la gent masculine qu’au perfectionnement de la technologie domestique, des robots-ménagers aux plats tout préparés qu’il suffit de mettre au micro-onde !
Les femmes consacrent trois fois plus de temps aux enfants
L’étude montre quand même que les inégalités se sont bien réduites en matière de préparation des repas, quasiment un homme sur deux participant à la cuisine. Cela dit, pour les femmes, on est à quatre sur cinq… En ce qui concerne le ménage, le différentiel homme-femmes diminue également et un homme sur trois s’y consacre assez régulièrement.
En revanche, seulement un homme sur quatre fait les courses et il n’y a qu’un homme sur dix pour s’occuper du linge ! Quant aux soins aux enfants, là çà ne bouge guère et les femmes y consacrent trois fois plus de temps que leur conjoint. Notons qu’en général, plus il y a d’enfants dans un ménage, plus la part de travail domestique effectué par la femme est importante.
Travail domestique : l’Hexagone dans le peleton de tête
Pour mesurer la place internationale de la France en matière de répartition des tâches, il faut recourir aux statistiques de l’OCDE concernant le « travail non-rémunéré » qui, aux trois-quarts, concerne le travail domestique et les soins aux enfants. Dans les pays développés, en moyenne et par foyer, un tiers du temps consacré à ces travaux non rémunérés est effectué par les hommes. La France n’est pas mal placée en Europe avec 38% de travail non-rémunéré masculin. C’est à peu près la même chose en Allemagne, en Suède, en Belgique, aux Pays-Bas. Mais le Royaume-Uni fait un peu moins bien avec 35% de temps « masculin ».
En la matière, les champions de la participation sont Danois et Autrichiens (autour de 43%). En revanche, à 23/24% de participation, les « mâles » Portugais et Italiens apparaissent comme les plus passifs. L’image du Monsieur lisant son journal et fumant sa pipe n’est pas loin…
Ecarts de salaires : la palme aux méridionaux
Mais l’inégalité hommes-femmes ne se résume bien sûr pas aux tâches domestiques. L’OCDE fournit des statistiques sur les écarts de salaires, bien sûr tous en défaveur des femmes. En Europe – et c’est plutôt une surprise – les pays du sud sont mieux placés. Ainsi, l’écart de salaires n’est que de 6,9% en Grèce, de 8,6% en Espagne et de 11,1% en Italie.
Il atteint en revanche 14% en France, 16,6% en Allemagne, 17,5% au Royaume-Uni et même plus de 20% aux Pays-Bas. Une explication possible serait le taux de participation à l’emploi assez faible des femmes dans les pays méridionaux. Certaines différences restent cependant mystérieuses : en Suède, l’écart de salaire est de 15% mais il est de moins de 8% dans le Danemark voisin.
GII : la Slovénie numéro un mondial
Plusieurs indices synthétiques s’efforcent de mesurer l’inégalité globale. Le plus connu et sans doute le plus cohérent étant celui de l’ONU qui publie l’indice d’inégalité des genres, le GII (Gender Inequality Index). Cet indice combine des données sur la santé (mortalité maternelle, taux de natalité des adolescentes…), sur le degré de participation à la société (représentation politique, syndicale) ou au marché du travail (emploi).
Sans s’attarder sur le classement précis des 152 pays considérés par l’ONU pour l'année 2013, notons que la petite Slovénie est numéro un mondial en terme d’égalité homme-femme du fait d’écarts salariaux très réduits, de temps partiel peu développé et d’une proportion assez élevée de femmes dans les conseils d’administration…
Pour sa part, la France occupe la douzième place mondiale et la 10ème de l’Union européenne derrière notamment l’Allemagne, la Suède, les Pays-Bas, l’Italie ou la Belgique. On peut remarquer aussi le classement assez médiocres des pays anglo-saxons : le Royaume-Uni n’est qu’à la 35ème place et les Etats-Unis à la 47ème !
Mais le plus important est de souligner que les 16 premiers pays du classement sont tous européens à l’exception de Singapour. Alors certes, l’égalité entre les genres doit encore s’améliorer en France ou en Europe mais elle est totalement à construire dans les quelques 80 pays les moins développés de la planète. Dans ces régions, les femmes sont tenues à l’écart de la société et du monde du travail, elles restent enfermées dans la maternité et sont totalement soumises aux hommes.