Les ministres des Finances de la zone euro se sont accordés mercredi sur le déblocage de nouveaux versements à la Grèce, d'un montant total de 10,3 milliards d'euros. Dans le même temps, les premières annonces d’un programme d’allègement de la dette grecque ont été faites, sous la pression du FMI.
Athènes reprend son souffle. Les 19 ministres des Finances de la zone euro se sont accordés sur la mise en place d’un nouveau versement pour la Grèce dans la nuit de mardi à mercredi 25 mai, au terme de près de onze heures de discussion. Ces nouveaux prêts d'un montant total de 10,3 milliards d'euros seront versés en deux temps : le chef du Mécanisme européen de stabilité, Klaus Regling, a annoncé qu’une première tranche de 7,5 milliards d'euros sera allouée le mois prochain, et une autre de 2,8 milliards ultérieurement. Ce nouveau plan d’aide évitera au pays de faire défaut lors de ses prochaines échéances de remboursement. Le compte à rebours était proche puisqu'Athènes doit notamment rembourser 2,2 milliards d'euros à la BCE dès le mois de juillet.
Plus important encore, les ministres se sont engagés à alléger à terme la dette grecque si certaines conditions sont réunies. C’est cette annonce qui a convaincu le Fonds monétaire international de soutenir un nouveau plan de sauvetage en faveur d'Athènes. Le FMI avait en effet longuement milité en faveur de cette solution, mais s’était heurté à certaines réserves. Berlin, premier créancier de la Grèce, avait été longtemps opposé à toute promesse allant dans ce sens. Dernièrement, l’institution financière avait fait savoir qu’un allégement du fardeau grec était la condition sine qua non à sa participation au nouveau prêt. Le bras de fer a finalement été remporté par les partisans de l’allègement – mais l’allégement n’aura finalement lieu qu’en 2018, quand les élections dans les grands pays de la zone euro seront passées.
« Nous sommes parvenus à une vraie avancée sur la Grèce, qui nous permet d'ouvrir un nouveau chapitre du programme d'assistance financière", s’est enthousiasmé le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem. « Cela va plus loin que ce que j'aurais cru possible il n'y pas si longtemps. » La nouvelle a en revanche fait grincer des dents outre-Rhin. Ainsi, le journal Handelsblatt mettait en garde contre une solution qu’il estime temporaire : « à un moment donné l'année prochaine, le sujet grec reviendra à nouveau sur la table – les problèmes du pays sont donc loin d'être résolus. » D’autres se sont félicités du chemin parcouru depuis la crise qui a opposé Syriza à ses créanciers l’an dernier, menant au départ de Yanis Varoufakis.
Si la nouvelle donne un peu de répit au gouvernement, elle est néanmoins très encadrée : Athènes doit maintenir ses besoins de financement bruts en-dessous de 15 % du PIB à moyen terme, et à long terme en-dessous de 20 %. L’allègement pourra être effectué par diverses méthodes, y compris un allongement des échéances, mais pas par une réduction du montant nominal. Symboliquement, cependant, il s’agit d’une avancée d’envergure. Les conditions du remboursement de la dette grecque ont enfin été reconnues comme intenables, et l’Europe a ouvert la voie à une nouvelle dynamique dans le rapport entre le pays et ses créanciers. « Nous saluons le fait que tout le monde reconnaisse désormais maintenant que la dette grecque n'est pas viable », a affirmé en ce sens le directeur du département Europe du FMI Poul Thomsen, présent à la conférence de presse finale.
Cette mesure récompense notamment les efforts budgétaires consentis par la coalition d'Alexis Tsipras, qui a adopté début mai la réforme des retraites et un projet de loi prévoyant un mécanisme de correction automatique en cas de dérapage budgétaire, ou encore une hausse des taxes indirectes. Ces mesures très impopulaires ont été obtenues aux prix de gros efforts dans un pays à bout de souffle à force de cures d’austérité répétées. Après un tel tour de force, les créanciers d’Athènes se devaient de tendre la main au gouvernement grec. C’est maintenant chose faite.