A la faveur de conditions météorologiques plus favorables et en raison de la fermeture de la "route des Balkans", de nombreux migrants tentent de traverser la Méditerranée, en partance des cotes libyennes. Entassés sur des embarcations de fortune, plus de 700 d'entre eux auraient chaviré et disparu en mer la semaine dernière. Des drames et une détresse humaine auxquels l'Europe semble incapable de répondre.
Plus de 700 migrants auraient péri noyés en tentant de traverser la Méditerranée durant la dernière semaine du moi de mai. Un macabre décompte, dressé par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) et l'ONG Médecins sans Frontières (MSF), qui avaient pourtant relevé une forte baisse de la mortalité (-24%) lors des traversées par rapport à la même période en 2015.
Alors que l'attention médiatique se détourne de la « route des Balkans », en grande partie fermée, les départs en provenance des cotes libyennes semblent reprendre à un rythme soutenu, à la faveur des conditions météorologiques plus favorables. Près de 13 000 personnes auraient ainsi embarqué à bord d'embarcations de fortune en huit jour, avec l'espoir de rejoindre, majoritairement depuis la ville libyenne de Sabratha, les rivages de l'Italie.
Originaires d’Érythrée, du Soudan ou encore du Nigeria, ces migrants s'ajoutent au plus de 37 000 qui ont débarqué en Italie depuis le début de l'année. Un chiffre en légère baisse par rapport à la même période de l'année dernière, selon les autorités italiennes.
Des efforts européens largement insuffisants
Si les efforts conjugués des gardes-côtes libyens et italiens, des missions humanitaires et de l'agence Frontex, chargée de la surveillance des frontières européennes, peuvent expliquer la baisse de la mortalité sur le début de l'année, ces efforts, notamment en termes de capacités navales, restent néanmoins inférieurs à ceux déployés par la précédente opération Mare Nostrum.
De même, le plan européen Sophia, visant à lutter contre les réseaux de passeurs qui sévissent en Libye, se heurte aux réalités du terrain. De nombreux observateurs estiment, en effet, que les causes premières des départs résident dans l'instabilité politique et économique des pays d'émigration.
Plus généralement, ces vagues de départs interrogent l'Europe sur sa capacité à ouvrir des voies légales d'immigration à ces populations vulnérables. Alors que la solidarité européenne n'a jamais été aussi malmenée, les acteurs de terrain mettent en garde contre la tentation du repli. A l'instar de Tommasi Fabri, de MSF Italie, pour qui « il est temps pour l'Europe d'avoir le courage d'offrir une solution viable qui permet à ces gens de venir, sans mettre leur vie et celles de leurs enfants en danger ». Un cri d'alarme, alors que la marine italienne a, à la fin de cette semaine tragique, ramené 45 nouveaux corps sans vie au port de Reggio Calabria, dont ceux de trois enfants.