A la faveur du Brexit, plusieurs élus français entendent dénoncer les accords bilatéraux du Touquet, qui fixent la frontière et la gestion des migrations du côté français. Une solution que rejettent, pour l'heure, les autorités nationales.
L'immigration était l'un des sujets phares des partisans du « leave » au Royaume-Uni pendant la campagne. Ironie de l'Histoire, leur sortie prochaine de l'Union européenne (UE) pourrait bien contraindre les Britanniques à gérer désormais seul sl'afflux de migrants qui souhaitent traverser la Manche. Les accords bilatéraux dits « du Touquet », signés le 4 février 2003 entre la France et le Royaume-Uni, ont entériné la fermeture de l'ancien centre d'hébergement de Sangate, démantelé par le ministre de l'Intérieur de l'époque, un certain Nicolas Sarkozy. Mais surtout, les accords du Touquet prévoyaient que le contrôle effectif des frontières entre les deux pays s'effectue côté français, notamment en ce qui concerne les échanges de fret. Or on sait que les migrants essaient souvent de monter à bord des camions en partance pour l'Angleterre afin de faciliter leur passage.
Alors que de 4 500 à 6 000 migrants s'entassent toujours, dans des conditions indignes, au sein de la « jungle » de Calais, plusieurs ténors politiques français ont haussé la voix pour remettre en cause les accords du Touquet. Ainsi de Xavier Bertrand, président de la région des Hauts-de-France, qui a demandé au gouvernement français « de renégocier les accords du Touquet », ou encore de Nicolas Sarkozy et de son rival à la primaire des Républicains, Alain Juppé. Des arguments repris à la gauche du spectre politique par l'eurodéputée Karima Delli, pour qui une fois « le Royaume-Uni dehors, cet accord scandaleux doit être oublié », ou encore par le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, pour qui « la France ne retiendrait plus ses migrants à Calais » en cas de victoire du Brexit.
Fin de non-recevoir de la France
Pourtant, une abrogation des accords du Touquet ne semble pas à l'ordre du jour du gouvernement et de l'Elysée. « Ceux qui, aujourd'hui, demandent sa suppression sont ceux-là mêmes qui l'ont conclu », a ainsi déclaré François Hollande, pour qui une remise en cause des accords bilatéraux n'aurait tout simplement « pas de sens ». Même son de cloche du côté du ministère de l'Intérieur : « la frontière est fermée et a vocation à le demeurer », a promis Bernard Cazeneuve, qui redoute un appel d'air et une « saturation » de la situation sur place. Quelle que soit la solution retenue, rappelons qu'un préavis de deux ans est nécessaire pour dénoncer les accords du Touquet.