Un sondage Viavoice pour Libération pointe les contractions des Français, dans un contexte post-Brexit. S'ils sont 68% à juger que l'Europe va « plutôt dans le mauvais sens », ils sont plus de six sur dix à estimer qu'une sortie de l'UE « aurait des conséquences négatives ».
Un nouveau sondage révèle les fractures et les contradictions des Français sur le projet européen. En effet, plus d'un Français sur deux estime que l'UE est « trop généreuse vis-à-vis des réfugiés » (51%) et qu'elle « accentue le dumping social entre pays, en Europe et dans le monde » (50%). Seuls 18% des Français (et 30% à gauche) pensent quant à eux que l'Europe aurait pu être plus solidaire vis-à-vis des pays membres les plus touchés par la crise, comme l'Espagne, l'Irlande ou la Grèce. Quatre Français sur dix pensent au contraire que l'UE a été trop solidaire avec ces pays.
Autant de griefs portés à une intégration européenne durement sanctionnée. Ainsi, quatre Français sur dix ne souhaitent pas intégrer de nouveaux pays à l'UE. Après le Brexit, 37% d'entre eux pensent qu'il est temps de « relancer le projet européen à partir d'un groupe restreint de pays » et 35% souhaitent « renforcer la démocratie en donnant davantage de pouvoirs aux citoyens européens ». Enfin, la contagion de l’euroscepticisme reste mesurée, puisque que seuls 28% des Français interrogés souhaitent « des referendums dans chaque pays sur le maintien ou le retrait de l'UE ».
Des différences selon l'âge et le statut social
Comme au Royaume-Uni, les jeunes Français se montrent plus europhiles que leurs aînés. En revanche, l'opinion des seniors français est radicalement inversée par rapport à leurs homologues britanniques : ils sont 69% à penser qu'une sortie de l'UE aurait des conséquences négatives, alors que les partisans du « leave » anglais ont majoritairement recruté parmi les plus de 65 ans. Si elles sont les plus favorables à la construction européenne, les classes d'âge les plus jeunes et âgées sont, en France, également celles qui jugent le plus sévèrement la politique européen sur la question des réfugiés, vue comme pas assez généreuse. L'adhésion au projet européenne diffère également selon le statut social : si seuls 21% des cadres jugent positivement une sortie de l'Europe, ils sont plus de 38% dans les catégories inférieures.
Enfin, le sondage de Viavoice révèle l'état de fracture de la gauche française sur l'Europe. Si les sympathisants du Parti socialiste sont les plus fervents supporters de l'Europe (29%, alors que la moyenne s'établit à 13%), ceux du Front de Gauche font partie d'une formation parmi les plus eurosceptiques du paysage politique français.