Un rapport de la Commission européenne pointe la responsabilité des armateurs européens dans la pollution due au démantèlement des navires sur les plages d'Asie.
Un rapport de la Commission européenne, publié le 5 juillet, tire la sonnet d'alarme. Les Européens sont parmi les premiers responsables de la dégradation des littoraux des pays dans lesquels les navires sont démantelés, principalement en Inde, au Bangladesh et au Pakistan. Ainsi, si les armateurs européens possèdent 40% de la flotte marchande au monde, ils ne montrent pas l'exemple en termes de recyclage des navires usés. En 2015, plus de sept navires allemands sur dix, et près de neuf navires grecs sur dix, ont ainsi été échoués sur les côtes asiatiques.
Seuls quatre pays signataires, dont la France, appliquent réellement la convention de Hong Kong, adoptée en 2009 par l'Organisation maritime internationale. Celle-ci est censée encadrer le démantèlement des navires mis au rebut. Les Norvégiens sauvent la face de l'Europe : bons élèves, ils ont fait démanteler 13 de leurs 17 navires en fin de vie au sein d'installations qui respectent l'environnement.
Les plages d'Asie du sud-est sacrifiées
Trois navires sur quatre en fin de vie échouent sur les plages du sud-est de l'Asie, souvent pour une durée indéterminée. Si l'eau, les sols et la biodiversité locale souffrent de ces cimetières marins à ciel ouvert, les travailleurs qui procèdent au démantèlement sont les premières victimes de cette situation. Ainsi, 470 Indiens auraient perdu la vie sur les chantiers de démantèlement entre 1983 et 2013.
Le rapport de la Commission européenne cite ainsi plusieurs autres travaux, qui concluent que la concentration d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) relevée sur le chantier de Chittagong, au Bangladesh, peut présenter des risques cancérigènes. De la même manière, les taux anormalement élevés de métaux lourds et d'hydrocarbures ont été relevés dans l'eau de la baie d'Alang, en Inde.