Le secteur de l'économie collaborative explose en Europe. La France se distingue de ses voisins par le grand nombre d'acteurs présents sur son territoire. Les profits records attendus aiguisent les appétits, et posent la question de leur taxation.
Une fois n'est pas coutume, la France peut se targuer d'être la championne dans un secteur, celui de l'économie collaborative. Une étude réalisée par le cabinet d'audit PwC, publiée lundi 5 septembre, révèle que sur 275 acteurs identifiés en Europe, 50 sont implantés en France et 50 au Royaume-Uni. La France se distinguerait notamment par son environnement réglementaire favorable à la création de start-up, à l'exemple du statut d'auto-entrepreneur. Les deux pays leaders sont suivis par l'Espagne, l'Allemagne et les Pays-Bas.
Au niveau européen, les plateformes de l'économie collaborative ont généré près de 3,6 milliards d'euros de revenus en Europe durant l'année 2015. C'est près du double de l'année précédente. Une croissance qui n'est pas prête de s'arrêter, si l'on en croit les analystes de PwC, qui tablent sur une augmentation de leur chiffre d'affaires de 35% par an, pour atteindre 83 milliards d'euros à l'horizon 2025. L'étude révèle également que ces plateformes collaboratives ont traité près de 28 milliards d'euros de transactions en 2015. Et les estimations pour 2025 sont exponentielles : à cette date, selon PwC, ce sont pas moins de 570 milliards d'euros qui transiteront par ces plateformes. Soit 20 fois plus qu'aujourd'hui. Les Airbnb et Blablacar peuvent se frotter les mains…du moins tant que les autorités européennes ne s'intéressent pas de trop près à leurs profits.
Vers une meilleure réglementation ?
Car cette étude n'a pas été commandée par l'une d'entre elles, mais par la Commission européenne. L'objectif était de dessiner un panorama et de dresser un bilan de l'impact de l'économie collaborative en Europe, en mettant l'accent sur cinq principaux secteurs : la finance, l'hébergement, le transport – qui reste le secteur le plus lucratif, avec 1,7 milliards de revenus en 2015, soit plus de la moitié de l'économie collaborative en Europe –, les services à la personne et les services aux entreprises. Mais derrière cette volonté d’exhaustivité se cache celle, non moins forte, de mieux encadrer ces nouvelles pratiques et, in fine, de mieux les imposer fiscalement. Un impératif, quand on sait qu'Airbnb, pour ne citer que la plateforme d'hébergement entre particuliers, n'a payé en 2015 que 70 000 euros d'impôts en France, alors qu'elle a réalisé un chiffre d'affaires de près de 5 milliards d'euros.