Une étude d'Eurostat démontre la prédominance des pays du Nord de l'Europe en matière d'attraction des jeunes diplômés. Londres fait la course en tête, très loin devant toutes les autres régions européennes.
L'institut statistique européen Eurostat vient de rendre public son classement des régions et villes européennes qui attirent le plus de diplômés, parmi la population âgée de 25 à 64 ans. Loin devant toutes ses concurrentes, Londres se taille la part du lion. Près de sept habitants de la capitale britannique sur dix (69,7%) seraient ainsi diplômés du supérieur – universités et grandes écoles confondues. La région belge du Brabant wallon se hisserait sur la seconde marche du podium, avec un taux de 54,1% d'habitants diplômés. Suivent, loin derrière, la capitale norvégienne, Oslo, puis Madrid et la région Ile-de-France. Les Franciliens sont, en effet, 46% à être titulaires d'un diplôme du supérieur. Ils devancent pour leur part les habitants de Bruxelles (43%), la région entourant Barcelone (38%) ou encore Berlin (37%). Si la prédominance des métropoles urbaines est claire, comment expliquer l'avance considérable de Londres ?
Selon Eurostat, la capitale anglaise se distingue par l'excellence des formations proposées par ses écoles supérieures et universités. Les étudiants du monde entier ne s'y trompent pas, eux qui se disputent les très chères places sur les bancs des facs anglaises. Autre valeur ajoutée londonienne, le statut de la City comme première ou seconde place financière au monde : les étudiants qui rejoignent Londres ont tendance à y rester pour trouver un travail, principalement dans la finance. Un secteur qui offre des niveaux de salaires qui n'ont rien à voir avec ceux que les nouveaux entrants sur le marché du travail peuvent espérer en France, par exemple. Les diplômés des grandes écoles françaises sont ainsi nombreux à traverser la Manche pour profiter de salaires pouvant, dès la sortie des cours, atteindre les 100 000 euros par an.
Une fracture entre l'Europe du Nord et celle du Sud
Au Sud de l'Europe, la situation semble moins idyllique. Selon le même classement établi par Eurostat, seuls 23% des Romains sont diplômés du supérieur. Pas une seule région italienne ne dépasse les 24%. Mais il y a pire : en Italie, le nombre de diplômés à disposition des entreprises a même cessé d'augmenter, une première depuis 1945. Près d'un étudiant italien sur deux (45%) abandonne son cursus avant d'être diplômé.
La péninsule italienne est également victime d'une véritable fuite des cerveaux. Si les statistiques officielles font état de 145 000 résidents – dont un quart de diplômés – ayant choisi de s'expatrier en 2015, les chiffres non officiels issus des pays d'accueil (Royaume-Uni, Allemagne, Suisse, etc.) laissent deviner un « exode » au moins trois fois plus large qu'annoncé. Rien d'étonnant à cela, quand on sait que seuls 45% des jeunes Italiens diplômés réussissent à trouver un travail, alors qu'ils sont neuf sur dix en Allemagne.