Le nouveau lanceur, qui devrait s'arracher de l'attraction terrestre en 2020, entend répondre aux défis technologiques et commerciaux posés par la concurrence de SpaceX.
C'était une réunion attendue. Mardi 13 septembre, le Conseil de l'Agence spatiale européenne (ESA) a accordé son feu vert à la poursuite du programme Ariane 6. Une décision prise à l'unanimité, selon Gaele Winters, le directeur des lanceurs de l'ESA, qui précise : « le signal est clair. Ariane 6 devient de plus en plus une réalité ». Pour Alain Charmeau, le président exécutif d'Airbus Safran Launchers (ASL), « Ariane 6 est le lanceur voulu par tous » les acteurs : « c'est la confirmation totale du programme sur lequel nous travaillons d'arrache-pied depuis dix-huit mois ».
Il était en effet temps. L'objectif, lorsque l'Europe a décidé, en décembre 2014, de se doter d'un nouveau lanceur, était bel et bien de rattraper le retard pris sur la concurrence internationale, SpaceX en tête. Le succès du groupe mené par Elon Musk, lorsque sa fusée Falcon 9 a réussi à placer un satellite en orbite, en 2013, a donné un grand coup de pied dans la fourmilière des lanceurs spatiaux, dominée par le duo européen et russe Ariane-Proton. En proposant des tarifs jusqu'à 30% moins chers que ses concurrents, SpaceX s'est même attiré la confiance de la NASA.
Un premier lancement en 2020
L'arrivée de SpaceX a poussé les Européens à revoir leur copie. Le coût d'Ariane 6 sera ainsi réduit de 40% à 50% par rapport à sa grande sœur. Surtout, la concurrence de SpaceX a contraint les Européens à d'importants efforts de réorganisation. Désormais, l'ESA et le Centre national d'études spatiales (le CNES) auront la maîtrise d'ouvrage, alors que la maîtrise d'oeuvre sera confiée à Airbus et Safran. C'est pour suivre le processus de la conception jusqu'à la mise en orbite des satellites que les deux groupes industriels ont pris le contrôle d'Arianespace et qu'ils ont fusionné leurs activités au sein d'une filiale commune, ASL.
Si tout se passe bien, Ariane 6 devrait prendre sa place sur les pas de tir d'ici 2020, et atteindre sa totale capacité opérationnelle à l'horizon 2023. Les tarifs proposés devraient s'approcher de ceux de la concurrence et osciller entre 70 et 90 millions d'euros. « Go, Ariane 6, go ! », comme s'exclame le PDG d'Arianespace, Stéphane Israël.