Près de 29 millions de véhicules diesel circulent en Europe, tout en dépassant parfois de quinze fois les normes autorisées en laboratoire.
Il y a un an éclatait l'affaire Volkswagen, ou « dieselgate », le constructeur allemand étant accusé d'avoir truqué les tests, permettant à près de 600 000 véhicules de la marque d'enfreindre la réglementation sur les émissions de gaz polluants. Afin de constater d'éventuels progrès de la part des constructeurs, l'ONG Transport & Environment (T&E) vient de célébrer cet « anniversaire » en publiant un rapport explosif sur les véhicules diesel en service en Europe. Et sa conclusion a de quoi alarmer : près de 29 millions de véhicules équipés de moteurs diesel émettraient sensiblement plus de gaz polluants que la limite autorisée.
L'ONG a également établi un classement des pays dans lesquels roulent ces voitures « sales ». Sur la plus haute marche du podium, la France compte pas moins de 5,5 millions de véhicules dont les émissions dépassent les limites autorisées. Elle est suivie, de près, par l'Allemagne, avec plus de 5,3 millions de voitures « sales ». Les Britanniques complètent ce podium, avec plus de 4,3 millions de véhicules polluants. A l'autre bout du classement de T&E, on retrouve la Lettonie (22 000 véhicules « sales »), l'Estonie (27 000) et la Hongrie (105 000), qui font figure de bons élèves.
Palmarès des constructeurs les plus polluants
L'ONG ne s'est pas contentée de classer les pays selon la propension de leurs conducteurs à polluer. Elle a également compilé les données de plus de 230 modèles de voitures diesel, issues des commissions d'enquêtes française, britannique et allemande mises sur pied après le scandale Volkswagen, en 2015. Premier enseignement, les quatre marques du groupe Volkswagen s'en sortent avec les honneurs ; elles sont les moins polluantes de l'ensemble du panel étudié. Les Volkswagen, Seat, Audi et Skoda émettent ainsi « seulement » deux à trois fois plus d'oxydes d'azote – les Nox, des gaz extrêmement toxiques – que la norme autorisée (norme Euro 6). Les voitures du constructeur Renault-Dacia sont, en revanche, éreintées par l'ONG. Leurs émissions sur route seraient jusqu'à huit fois supérieures aux normes en vigueur (norme Euro 5). Les véhicules du groupe Fiat (dont Alfa Romeo et Suzuki) émettraient, quant à eux, jusqu'à quinze fois plus de gaz polluants que la norme fixée en laboratoire.
Selon T&E, cette étude ne montrerait pourtant que la « partie émergée de l'iceberg ». L'ONG entend ainsi « exposer le nombre choquant de voitures diesel sales sur les routes de l'UE et la faible régulation des véhicules par les autorités nationales », « prises en otage » par les constructeurs.