L’Union européenne se trouve aujourd’hui confrontée à l’un de ses plus grands défis : penser et adapter la ville pour l’intégrer à un environnement intelligent et durable. Actuellement, près de trois Européens sur quatre vivent en ville. Ils consomment 70 % de l’énergie de l’UE et leurs activités quotidiennes lancent des défis redoutables à l’Union. Les embouteillages, pour prendre un seul exemple, coûtent à l’Europe 1 % de son PIB. D’où le développement de villes intelligentes sur le Vieux continent.
Selon le Parlement européen, près de 240 villes européennes de plus de 100 000 habitants méritent actuellement le qualificatif d’« intelligentes ». Cela veut dire qu’elles possèdent une administration transparente et participative, une économie innovatrice et flexible ainsi qu’une mobilité sure et écologique. Ces villes disposent par ailleurs d’une gestion des ressources durable et leurs habitants profitent de bonnes conditions sanitaires, ainsi que d’un système de logement, d’installations culturelles et d’établissements d’enseignement de qualité.
Défi énergétique
Avec 38 villes intelligentes, le Royaume-Uni s’impose comme le pays le mieux représenté, devant l’Italie (35) et l’Espagne (34). Selon une étude réalisée par la société de conseil et d’études de marché Navigant Research, Londres et Bristol se détachent du lot en combinant l’innovation technologique et une stratégie de développement urbain assez large.
De son côté, Dublin est décidée à dynamiser le marché de l’emploi en mettant en place une stratégie lui permettant de devenir une ville intelligente. La capitale irlandaise devrait servir de plateforme d’expérimentation pour toute une série de nouvelles technologies faisant particulièrement appel au Big Data ou encore à l’Internet des objets afin d’améliorer la vie urbaine. Elle compte également déployer plusieurs quartiers intelligents afin de devenir un véritable hub d’innovation.
Face au défi énergétique à venir, les villes et les Etats souhaitent mettre en place un nombre croissant d’infrastructures intelligentes qui nous aideront à réguler notre consommation. Et ça fonctionne ! Selon une étude publiée récemment par le cabinet IoT Analytics, l’Europe concentre la plus grande proportion de projets « smart cities » dans le monde, soit 47 % du total.
Au service des citoyens
En France, la ville de Nice s’est convertie aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et a notamment installé près de 200 compteurs sur la chaussée, les lampadaires ou les poubelles. La nuit, l’éclairage s’adapte aux mouvements des passants, les poubelles numériques avertissent les éboueurs une fois pleines et l’automobiliste peut détecter avec son smartphone les places de stationnement libres.
D’autres projets sont déployés sur l’ensemble du territoire national. Par exemple, le compteur communicant Linky – installé depuis décembre 2015 par Enedis (ex-ERDF) – contribuera à réduire la consommation énergétique des Français en permettant une meilleure information des ménages sur leurs consommations. Il permettra également de mettre en place des services de maîtrise de l’énergie et contribuera à la diminution des coûts de gestion ainsi qu’à l’optimisation du développement du réseau. Enfin, Linky permettra d’intégrer plus aisément la production électrique intermittente issue des énergies renouvelables.
Alors que l’Agence nationale des fréquences (ANFR), la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) ainsi que d’autres agences et experts ont répondu aux questions soulevées par le compteur, notamment en matière de risques pour la santé ou de respect de la vie privée des consommateurs, le déploiement de Linky devrait se poursuivre jusqu’à ce que 35 millions de foyers en soient équipés d’ici 2021. Il s’agit de la première étape vers le développement d’un véritable « smart grid » européen ; la Suède, la Norvège, l’Italie, l’Autriche, les Pays-Bas ou encore la Grande-Bretagne et le Luxembourg ont également fait le choix de développer des réseaux de distribution intelligents, dont les compteurs communicants constituent une première brique.
Les villes européennes se préparent ainsi à faire face aux grands défis de demain. Elles tentent de concilier les piliers sociaux, culturels et environnementaux afin de répondre aux besoins des institutions, des entreprises et des citoyens. Alors que l’OCDE estime que 70 % de l’humanité habitera dans les villes à l’horizon 2050, le développement des technologies intelligentes est une priorité afin de rendre la ville et les territoires plus attractifs et durables au service des citoyens.