L'institution dénonce « une montée du discours de haine et de la violence raciste ». La communauté polonaise est particulièrement touchée par le phénomène.
Si les Britanniques sont encore dans l'Union européenne, il semblerait bien que le Brexit ait délié certaines langues. Dans un rapport publié mardi 4 septembre, la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (Ecri) du Conseil de l'Europe explique que la campagne pour le referendum devant acter le maintien ou le départ du Royaume-Uni de l'UE a pu mener à une « exacerbation des sentiments xénophobes ». Premiers responsables, selon l'Ecri, les hommes et les femmes politiques du pays, dont la « nature intolérante de nombreux discours » a pu exacerber les tensions entre communautés.
Le rapport témoigne également d'une « hausse marquée des violences contre les musulmans, ainsi que des niveaux records d'incidents antisémites ». Ici encore, le Conseil de l'Europe met en cause les politiques, qui présentent « sous un jour défavorable » les citoyens britanniques musulmans. Un discours stigmatisant largement repris au sein de la presse populaire, mais aussi sur les réseaux sociaux.
Une haine anti-polonaise exacerbée
La communauté polonaise au Royaume-Uni est forte de 800 000 personnes, ce qui en fait la seconde communauté étrangère après les ressortissants d'Inde. Une communauté rudement mise à l'épreuve depuis le Brexit : plusieurs agressions ont ainsi été relevées, l'une d'entre elles menant au décès d'un ouvrier polonais de 40 ans, Arkadiusz Jozwik, le 27 août. Si les circonstances de son agression par plusieurs jeunes restent à éclaircir, la police locale penche pour un « acte de haine », les agresseurs étant passés à l'acte après avoir entendu Jozwik s'exprimer dans sa langue natale. Lors d'une marche de protestation organisée à la suite de ce meurtre, l'un de ses promoteurs, Eric Hind, a déclaré que le Brexit « a donné aux Britanniques une sorte de feu vert pour être racistes ». Lors des deux seules semaines entourant le referendum, plus de 3 000 plaintes pour actes xénophobes avaient ainsi été enregistrées au Royaume-Uni, un chiffre en hausse de près de 50% sur un an.
Pour lutter contre ces dérives, le rapport du Conseil de l'Europe appelle « tous les partis politiques à s'opposer fermement au discours intolérant ». Après une campagne pro-Brexit principalement axée sur le rejet de l'étranger, il n'est pas certain que cela suffise…