Une enquête de l'ONG Médecins du Monde révèle l'état de l'accès au soin dans plusieurs pays européens, jugé « alarmant ». Des difficultés qui touchent particulièrement les migrants.
Un cri d'alarme. L'ONG Médecins du monde (MDM) a mené une enquête, réalisée dans une trentaine de ses centres au sein de douze pays européens. Et la situation sanitaire des 30 000 patients reçus par les médecins de MDM est critique. Ainsi, près de sept personnes sur dix ayant consulté les centres de MDM ne bénéficient d'aucune couverture santé. Et plus d'une sur cinq a même abandonné l'idée de pouvoir se faire soigner.
Alors que l'Europe a accueilli plus d'un million d'exilés en 2015 – la moitié des patients interrogés avaient une autorisation de séjour –, ce sont souvent les publics les plus vulnérables qui ont le moins accès aux soins. Ainsi des femmes enceintes, dont 40% n'ont pas accès à des examens prénataux avant de se rendre dans un centre de l'ONG. La situation des enfants est, elle aussi, préoccupante : « environ 40% des consultations concernent des enfants, dont la moitié ont moins de cinq ans, avec tous les risques auxquels ils font face. (…) Ils ont accès aux soins de santé primaires, mais pas aux soins de santé secondaires », commente MDM. Ainsi, moins de six enfants sur dix sont vaccinés contre la rougeole et les oreillons, et seulement 32% contre le tétanos.
Un appel aux Etats européens
« Chaque système de soin est différent, mais il n'y en a pas un meilleur que l'autre. Ils présentent tous des failles », selon Nathalie Simonnot, de MDM, qui développe : « il y a des pays comme la Belgique ou la France où le droit aux soins est avancé, mais où l'accès effectif est empêché par des obstacles administratifs, et d'autres pays, comme l'Allemagne, où les soins d'urgence fonctionnent, mais où il n'y a pas de couverture universelle ».
MDM appelle à un sursaut des pays européens. « Tous les pays européens doivent au moins assurer un accès entier à une couverture de santé totale, pour tous ceux résidant dans le pays. Cela permettrait d'épargner beaucoup d'argent et beaucoup de souffrance ».