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Les populistes européens dans le sillage de la victoire de Trump

mercredi, 16 novembre, 2016 - 11:50

L’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis donne des ailes à tous les nationaux-populistes européens qui se reconnaissent dans le programme du milliardaire. Dans cinq pays de l’UE, les prochaines consultations électorales pourraient réserver de grosses surprises. 

L’élection inattendue de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis ne va pas cesser de faire des vagues de sitôt. Tout particulièrement en Europe où la plupart des gouvernants et la majeure partie des classes politiques n’avaient pas caché leur préférence pour Hillary Clinton.

A l’inverse, tous les leaders et partis nationaux-populistes européens, à de rares nuances près, se réjouissent et saluent la victoire du peuple sur l’élite. Tous espèrent en tirer des profits électoraux pour les échéances qui s’annoncent, cela d’autant plus si les premiers mois d’exercice du pouvoir de la nouvelle administration américaine réussissent à combler une partie des attentes des électeurs de Trump.

Trump, Le Pen, Wilders, Grillo, même combat

Les partis populistes européens ont deux bonnes raisons de se réjouir. D’une part, le discours électoral de Donald Trump reprend tous les grands marqueurs programmatiques des partis populistes européens : arrêt de l’immigration, renforcement des frontières, taxes à l’importation, dénonciation d’une mondialisation à outrance, des élites corrompues et de la « bien-pensance droit de l’hommiste »…

D’autre part, comme ce fut le cas avec le Brexit, les instituts de sondages, assimilés aux médias réputés être au service de l’establishment, se sont complètement trompés pour la plupart. Ce qui accrédite l’idée que les populistes sont presque tous au bord du pouvoir alors que les médias tenteraient de persuader l’opinion que cette hypothèse reste hautement improbable.

Or elle ne l’est pas, même en France, pour peu que l’on s’échappe un peu de l’arithmétique traditionnelle et que l’on intègre une dynamique propice au Front national. Face à des candidats assez populaires et susceptibles d’incarner un certain renouveau, Marine Le Pen aura du mal, il est vrai, à gagner, à moins d’une dynamique extrêmement puissante.

En revanche, elle a de bonnes chances de l’emporter face aux représentants typiques de l’establishment, à savoir les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande. Car on oublie trop souvent l’impact du phénomène de démobilisation. Avec un nombre de voix égal, on passe de 38 à 50% quand le taux de participation diminue de 80 à 60%.

Autriche : le scrutin le plus « chaud »

Une victoire des populistes est encore plus plausible en Autriche. Après l’annulation du deuxième tour de la présidentielle et un premier report de la date prévue, les électeurs sont appelés le 4 décembre prochain à trancher entre le candidat populiste du FPÖ Norbert Hofer et l’écologiste Alexander Van der Bellen qui avait remporté de justesse le scrutin du 22 mai dernier annulé depuis.

Les sondages sont incertains mais Hofer se voit le plus souvent accorder une légère avance. En tout cas, son élection marquerait le premier avènement d’un national-populiste à la tête d’un pays européen car les chefs de gouvernement hongrois et polonais qui, de fait, flirtent à bien des égards avec le populisme, sont cependant issus de partis traditionnels conservateurs.

Le referendum constitutionnel italien en otage

Reste que la palme de l’enthousiasme après l’élection de Donald Trump revient sans conteste à Beppe Grillo, le leader du mouvement italien « 5 stelle », pour qui cette élection est « la déflagration de l’époque » qui marque le « rejet des médias, des intellectuels, des journalistes ».

D’après les derniers sondages, le mouvement de Grillo se situe, à 30% d’intentions de vote, juste derrière le parti démocrate au pouvoir de Matteo Renzi. En outre, l’autre formation populiste, La Ligue du nord, est donnée à 13%. Il est vrai que les élections générales en Italie ne sont prévues qu’en 2018 mais le prochain grand rendez-vous politique est fixé, comme en Autriche, au 4 décembre, avec le referendum constitutionnel.

Pour le chef du gouvernement, l’enjeu est d’importance puisqu’il s’agit de redonner enfin à la péninsule une stabilité politique via une transformation du Sénat et de nouvelles règles électorales. « 5 Stelle » et la Ligue appellent à voter « non » de même que la formation de l’ancien président du conseil Silvio Berlusconi.

En somme, dans trois semaines, Si le « non » l’emporte en Italie et que Hofer soit élu président de l’Autriche, deux pays de l’Union auront essuyés les premiers effets de la vague Trump.

Wilders en embuscade aux élections néerlandaises du printemps

Trois mois plus tard, en mars 2017, se déroule une autre échéance cruciale, cette fois aux Pays-bas où les Néerlandais renouvellent leur parlement. Geert Wilders, le leader du PVV, le Parti pour la Liberté, vient de déclarer : « Les Américains retrouvent leur pays. Nous allons rendre nous aussi leurs pays aux Néerlandais ».

Depuis son médiocre résultat aux élections européennes de mai 2014 où il n’avait obtenu que 13% des suffrages, le PVV est bien remonté dans l’opinion puisqu’il est crédité de 23%. Pour l’instant, cela ne suffit pas à en faire le premier parti du pays et offrir ainsi la tête du gouvernement à Geert Wilders.

Mais si les six premières semaines du mandat de Donald Trump devaient marquer les esprits, le populiste néerlandais pourrait créer la surprise. Tout comme Marine Le Pen deux mois plus tard.

En Allemagne, l’AFD en plein décollage

Au Royaume-Uni, le coup de semonce populiste s’est déjà produit avec le Brexit. De fait, la popularité des nationalistes de l’UKIP est en baisse. Mais ce n’est pas du tout le cas en Allemagne où les eurosceptiques de « Alternative für Deutschland » ont surpris tout le monde début septembre en terminant devant la CDU – à 21% – aux élections régionales du Mecklenbourg-Poméranie.

Actuellement, l’AFD est donnée à 16% dans les sondages pour les élections générales de l’automne 2017. Cette formation très hostile à l’immigration reste derrière les deux partis de gouvernement – la CDU est créditée de 32% et le SPD de 22 – mais elle pourrait sérieusement perturber la formation d’une future coalition gouvernementale.

En attendant, l’AFD exulte : un de ces responsables a déclaré que « l’establishment (devait) reconnaître que l’on ne peut gouverner à la longue sans le peuple ».

Ainsi, dans les dix mois qui viennent, cinq pays de l’Union vont nous permettre de vérifier si l’élection de Trump donne le signal du premier bouleversement politique majeur en Europe occidentale depuis la fin de la dernière guerre. 




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