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En Côte d’Ivoire, la transition énergétique peut compter sur l’Europe

vendredi, 2 décembre, 2016 - 13:25

En plein boom économique, la Côte d'Ivoire amorce également sa transition énergétique. Présent lors de la session plénière de la COP22, qui se tenait à Marrakech du 7 au 18 novembre, le président de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, a rappelé la volonté de son pays de s'inscrire dans la mise en œuvre de l'accord de Paris. Le chef de l'Etat ivoirien a profité de son intervention devant ses homologues pour rappeler leurs engagements aux pays développés. Et de plaider pour que les ressources financières allouées au Fonds Vert pour le Climat soient accessibles, afin d'accélérer la transition énergétique de son pays. Une transition qui pourra s'appuyer sur le potentiel de la Côte d'Ivoire en termes de biomasse, mais également sur les premières aides européennes.  

L'Europe investit 200 millions en Côte d'Ivoire

200 millions d'euros. C'est la somme que l'Union européenne (UE) va investir dans le secteur électrique de la Côte d'Ivoire, entre 2015 et 2020. Objectif, diminuer la proportion des énergies fossiles au sein du mix énergétique ivoirien. Alors que les centrales thermiques contribuent à hauteur de 80% à la production électrique de la Côte d'Ivoire, il s'agit pour l'Europe d'aider le pays à se défaire de sa dépendance au gaz naturel, pour lequel l'Etat ivoirien dépense près de 70 millions d'euros par an. « Ces investissements constitueront le onzième fonds européen de développement. Ils seront fournis sous forme de donations et de prêts à un taux modéré. Nous identifierons des projets dans l'énergie non polluante », a ainsi déclaré l'ambassadeur de l'UE en Côte d'Ivoire, Jean-François Valette, en septembre 2015.

Des engagements européens qui, quelques mois plus tard, ont commencé à se concrétiser. Reçu par Alassane Ouattara, le vice-président de la Banque européenne d'investissement (BEI) a officialisé, en mars dernier, la signature de plusieurs accords d'investissement. La BEI met ainsi plus de 117 millions d'euros sur la table, que viennent compléter les 70 millions du fonds européen de développement, annoncé précédemment par l'ambassadeur de l'UE en Côte d'Ivoire.

En tout, ce sont donc pas moins de 188 millions d'euros qui vont abonder le programme européen d'intervention dans les réseaux électriques ivoiriens, baptisé Energos. Sont ainsi programmés des travaux de renforcement et d’extension des réseaux électriques à Abidjan, San-Pédro et Bouaké, mais également l'amélioration du système de distribution. Pour autant, les ambitions de la Côte d'Ivoire ne se limitent pas à l'extension de ses réseaux existants ; les autorités ivoiriennes sont bien décidées à entamer la transition énergétique et à développer les énergies renouvelables. Une priorité, pour un pays qui entend atteindre l'émergence en 2020.

La biomasse, moteur de la transition verte ivoirienne

Pour répondre aux besoins d'une économie en plein boom et d'une démographie toujours croissante, la Côte d'Ivoire a prévu de doubler son potentiel électrique d'ici à 2020. L'objectif est de passer des 2 000 mégawatts actuellement produits à 4 000 mégawatts – soit autant en quatre ans que lors des cinquante années précédentes. Pour l'heure, la production électrique ivoirienne est encore majoritairement issue de centrales à gaz. Cependant, l'assèchement des gisements en gaz du pays, prévu à l'horizon 2025, devrait accélérer la transition vers les énergies renouvelables et l'hydroélectricité.

Pour Bernard Kouassi N'Guessan, le directeur général de la Compagnie ivoirienne de production d'électricité (Ciprel), interrogé par le journal Le Monde, « l'Etat (ivoirien) a décidé de changer le mix énergétique. Il souhaite mettre l'accent sur les barrages et l'hydroélectricité afin d'avoir d'autres sources de production que le gaz, dont le prix est fluctuant. Il est prévu que le mix énergétique soit composé de plus de 11% d'énergies renouvelables d'ici à 2030 ». A titre d'exemple, le barrage de Soubré devrait produire, en 2017, quelque 275 mégawatts. Mais c'est surtout dans la biomasse que la Côte d'Ivoire place ses espoirs de transition verte.

La Côte d'Ivoire dispose en effet du plus important gisement de biomasse d'Afrique. Un potentiel évalué à 12 millions de tonnes par an, issues principalement de la valorisation des déchets produits par les industries du coton, du cacao ou de l'huile de palme. Pour le directeur général du centre des énergies renouvelables de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Mahama Kappiah, « la Côte d'Ivoire a un très beau potentiel de biomasse, (le pays en ayant) plus que tout autre pays en Afrique ».

Mais la production électrique à partir de la biomasse n'a pas que des avantages en termes de fourniture d'électricité, elle renforce également le tissu économique local. Pour le directeur général de la Ciprel, « lorsque vous faites de la biomasse, vous redistribuez l’argent à des petits acteurs, ceux qui vous vendent les déchets de cacao ou de coton. Au lieu de brûler ou de jeter ces déchets, ils en tirent de nouvelles ressources qu’ils peuvent réinvestir dans leurs cultures. A terme, ils auront un meilleur niveau de vie et seront aussi capables de nous payer un peu plus cher l’électricité ». Ou comment conjuguer développement durable et développement économique. Un cercle vertueux, en somme.

 


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