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Accès des enfants au porno en ligne : une étude dévoile l’ampleur du phénomène

jeudi, 29 décembre, 2016 - 15:26

Selon le deuxième sondage OpinionWay pour l’association Ennocence, regarder des vidéos sur des sites de streaming ou de téléchargement illégaux est devenu un loisir plus fréquent chez les enfants que dessiner ou peindre, jouer à des jeux de société, pratiquer un instrument de musique, aller au cinéma ou assister à un spectacle. Un constat qui traduit l’évolution de nos sociétés vers toujours plus de digital, ce qui ne constitue pas un mal en soi, mais peut recéler des dangers.  

Car il y a un problème : ces sites sont trop souvent la porte d’entrée vers des contenus indésirables. Alors que 55 % des enfants regardent des vidéos (films, séries, matchs) sur des sites illégaux, 42 % des parents estiment que leurs enfants ont été exposés à des images à caractère violent et 23 % à des images à caractère pornographique. L’âge moyen auquel un enfant s’expose pour la première fois à du contenu pornographique en ligne est désormais de 11 ans. Et les experts s’inquiètent de plus en plus du rôle que ces images peuvent jouer sur la vie sexuelle et affective des mineurs.

Invitée de l’émission « C’est votre vie » sur BFMTV, la sexologue Thérèse Hargot révèle que la pornographie est devenue la référence en matière sexuelle pour les enfants et adolescents. Elle est en effet « le premier vecteur par lequel les adolescents rentrent dans la question de la sexualité. Et même les enfants, puisqu’on voit bien qu’aujourd’hui sur n’importe quelle tablette, smartphone ou ordinateur portable il y a Internet. Et tout cela n’est malheureusement pas bien régulé, les enfants ne sont pas bien protégés », s’inquiète celle qui vient de publier Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque) chez Albin Michel.

Or, les conséquences de cette entrée brutale en matière sont des plus néfastes. Thérèse Hargot a eu l’occasion d’échanger avec de nombreux lycéens qui lui ont fait voir à quel point la sexualité « est devenue un lieu anxiogène ». Avec la publicité, les clips, la musique ou encore certaines émissions, les jeunes « baignent dans une culture porno dès leur plus jeune âge », ce qui mène beaucoup d’adolescents à vouloir « prouver qui ils sont au travers de l’expérience sexuelle ». Pour la sexologue, la question de la performance sexuelle, inévitablement liée à la pornographie, génère un sentiment d’angoisse chez les adolescents qui peut être difficile à surmonter.

De son côté, Ingrid Lebeau, formatrice en éducation sexuelle à Montpellier, confirme que la pornographie risque de devenir un modèle. Dans une interview accordée au quotidien Midi Libre, l’experte estime que s’il est vrai que le sexe a toujours intrigué les êtres humains, « l’accès y est complètement chamboulé depuis les années 90 ». Or, les jeunes initiés à la sexualité via la pornographie « seront dans la performance, dans des postures, des changements de position, une violence, une animalisation ».

Hélas, selon le sondage OpinionWay, 66 % des parents considèrent que les mesures politiques ne sont pas suffisamment efficaces pour protéger leurs enfants et 79 % estiment que la question de la protection des enfants sur Internet n’est pas suffisamment abordée par les hommes et femmes politiques. Gordon Choiseul et Brigitte Lahaie, président et ambassadrice de l’association Ennocence, estiment que « rien n’est fait » pour protéger les enfants et jeunes adolescents contre l’exposition involontaire à des images pornographiques sur les sites de streaming ou de téléchargement illégaux. Et dénoncent la situation des parents, qui « se sentent démunis face à cet accès libre et sans contrôle réglementaire ».

Alors, que faire ? Si Thérèse Hargot est persuadée qu’il est « grand temps que les hommes et les femmes politiques s’emparent de ce sujet », l’association Ennocence croit voir dans l’actuelle campagne présidentielle l’occasion idéale pour aborder sérieusement un sujet qui concerne tous les Français, à commencer par les plus défavorisés. Le sondage OpinionWay révèle en effet que les parents dont le foyer a un revenu inférieur à 2 000 € par mois constatent plus que la moyenne que leurs enfants visitent des sites de streaming ou de téléchargement illégaux, n’ayant, bien souvent, pas d’autres alternatives pour suivre leurs programmes préférés.




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