En fondant les restrictions de circulation sur les nouvelles vignettes auto antipollution, la capitale française rejoint plus de 200 villes d’Europe. Plusieurs d’entre elles se montrent encore plus sévères en prévoyant des zones à péage.
Depuis lundi dernier, tous les véhicules circulant dans Paris intra-muros doivent obligatoirement apposer sur le pare-brise une vignette anti-pollution. Une vignette comportant six classes allant du zéro-émission à la classe 5 qui concerne les véhicules diesel mis en circulation entre 1997 et 2001. Pour les véhicules plus anciens, la situation est déjà réglée puisqu’ils sont interdits de circulation dans la capitale depuis juillet 2016.
En matière d’amélioration de la qualité de l’air, ce petit bout de papier ne change évidemment rien au problème mais il va permettre d’initier, dans l’avenir, des restrictions de circulation d’une cohérence écologique beaucoup plus forte que la circulation alternée jusque-là mise en œuvre lors des pics de pollution.
Désormais, quand la situation l’exigera, on va pouvoir réserver la circulation aux véhicules les moins polluants, qu’ils soient électriques, hybrides ou bien construits récemment en ce qui concerne les voitures essence ou diesel puisque les normes européennes ne cessent de devenir plus sévères.
Ces restrictions de circulation pourront être également pérennes par l’élimination progressive de la circulation des véhicules les plus polluants. Ainsi, dès juillet prochain, les voitures présentant la vignette n°5 – c’est à dire les diesels construits avant 2001 – ne pourront plus rouler à Paris que le week-end et la nuit. Et l’ambition de la maire de Paris Anne Hidalgo est grande puisqu’elle prévoit de bannir de la capitale tous les véhicules diesel à partir de 2020.
220 villes européennes ont déjà agi…
Par ces mesures, Paris vient seulement de recoller au peloton des nombreuses villes ayant limité – souvent depuis plusieurs années – la circulation automobile. On peut citer entre autres : Londres, Berlin, Rome, Milan, Lisbonne, Stockholm, Helsinki et bien d’autres.
Car plus de 220 villes européennes ont mis en place des zones de basses émissions plus ou moins restrictives et plus ou moins étendues. Et il faut souligner que 85% de ces villes se situent en Italie ou en Allemagne, pays qui abritent le plus grand nombre de villes très peuplées. Preuve du retard de la France, les vignettes ne commencent à être appliquées dans l’Hexagone qu’à Paris, Lyon et Grenoble.
… parfois plus sévèrement…
Certains dispositifs sont plus sévères qu’à Paris. A Berlin, par exemple, la zone écologique du centre ville créée en 2010 est interdite aux véhicules diesel antérieurs à 2006 et à Milan ainsi qu’à Stockholm, on prohibe même les diesels d’avant 2011. A Oslo, des interdictions temporaires vont jusqu’à frapper tous les véhicules diesel de moins d’un an et demi. Sans compter que la capitale norvégienne compte appliquer dès 2019 une interdiction de circulation totale dans le centre-ville.
Les zones de basses émissions sont également parfois plus étendues que les 105 km2 de Paris : 150 km2 pour Rome, 180 pour Milan et même jusqu’à 1.600 km2 pour le Grand Londres. Notons toutefois que la capitale britannique n’interdit la circulation qu’aux seuls véhicules utilitaires diesel. Mais en 2020 le centre de Londres se dotera, sur 20 km2, d’une zone d’ultra basses émissions réservée à tous les véhicules les plus propres.
… parfois différemment
Certaines villes ne se contentent pas d’interdire. Elles monnaient la levée de l’interdiction. Dans le grand Londres, si vous devez absolument vous servir d’un utilitaire diesel pourtant interdit, vous avez la possibilité de payer un droit de 140 à 280 € par jour. A Rome, le centre historique est la plupart du temps interdit à tous les véhicules, sauf ceux des résidents. Mais vous pouvez toujours payer un abonnement quotidien de 100 à 320 € !
Sur un plan général, certaines métropoles font payer à tous les véhicules un droit d’accès au centre-ville. Un tel péage existe à Londres sur 20 km2 à raison de 13 € par jour. On en trouve également, à prix similaire, à Oslo et à Stockholm. A Milan, pénétrer dans le centre historique de 8 km2 vous coûtera 5 €. Enfin certaines villes mettent l’accent sur les zones piétonnes où les vitesses très limitées comme Barcelone ou encore Zurich.
Des mesures à l’efficacité fluctuante
Pour mesurer l’efficacité de ces mesures, on manque un peu de recul car les politiques écologiques ne paient qu’à long terme. En général, on a constaté une baisse de 10 à 15% des émissions. Mais de nombreux facteurs jouent en la matière, notamment la densité du tissu urbain.
L’exemple de Paris est éclairant : la ville est, parmi les grandes métropoles, celle où le transport par véhicule particulier est le plus faible (13% contre 36% pour le transport public). Pourtant, dans le classement européen de la qualité de l’air qui mesure le nombre de jour par an de dépassement des seuils de pollution autorisés, Paris affiche 139 jours.
Ce qui est beaucoup plus que Berlin, Stockholm ou Amsterdam qui ne dépassent les seuils que de 50 à 80 jours alors que le taux de transport automobile est deux à trois fois plus élevé dans ces villes. On peut se consoler en constatant que Londres, Madrid et surtout Milan respirent encore beaucoup plus mal que Paris.
A quand des normes européennes ?
A travers l’Europe, les systèmes de contrôle varient. Ils se font par télésurveillance dans beaucoup de pays (Royaume-Uni, Italie, Suède…), ce qui exige, pour les non-résidents de se déclarer aux autorités avant d’arriver dans une ville. Quant au système de vignette, il existe en France, au Danemark, en Autriche, en Allemagne.
Fait symptomatique, la vignette n°4 accolée sur le pare-brise d’une voiture française signale un véhicule diesel de plus de douze ans, alors qu’en Allemagne, ce même numéro s’applique aux voitures les plus écologiques. Pas vraiment pratique…