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Brexit : Les pays qui risquent d’être le plus impactés

jeudi, 16 mars, 2017 - 12:05

Après l’aval du Parlement, Theresa May se prépare à lancer les négociations du Brexit. Parmi les Etats-membres de l’Union, la France, mais aussi les Pays-Bas et l’Espagne jouent gros du fait de leurs nombreux liens avec le Royaume-Uni.

 

La procédure de divorce est lancée. En début de semaine, les deux chambres du Parlement britannique ont donné leur feu vert au premier ministre Theresa May pour qu’elle déclenche l’article 50 du Traité européen organisant les modalités de sortie d’un Etat-membre de l’Union.

Les négociations sur ce Brexit vont durer au moins deux ans et promettent d’être difficiles puisque le Royaume-Uni entend récupérer toute sa souveraineté en matière de circulation des personnes ce qui, aux yeux des Européens, prive nécessairement le pays du bénéfice du marché unique et de l’union douanière.

On a beaucoup parlé des conséquences potentielles de ce divorce sur l’économie britannique. Mais il est intéressant de faire un tour d’Europe des pays qui sont les plus exposés aux effets du Brexit.

Le Royaume-Uni pèse lourd

D’abord, il faut rappeler que le Royaume-Uni pèse lourd dans l’Union européenne. Selon les années et les effets de change, il dispute à la France la place de deuxième économie de l’Union derrière l’Allemagne. Le pays représente 12,5% de la population de l’UE et son PIB compte pour 14% de la richesse totale produite.

La Grande-Bretagne, c’est encore 13% du stock d’investissements étrangers directs de l’Europe dans le monde, 23% des exportations extra-communautaires de marchandises et près de 30% de ses exportations de services.

Ce poids n’est donc pas sans conséquence pour chacun des pays de l’Union. Mais les économies continentales sont plus ou moins exposées au Brexit en fonction de l’intensité de leurs relations économiques avec Albion.

Commerce : ça va tanguer très fort pour certains

Bien sûr, ces relations vont se poursuivre mais elles vont être affectées. Prenons le commerce. Il y a d’une part le probable rétablissement de droits de douanes. Ce ne sera pas un gros choc, compte tenu des règles de l’organisation du commerce et ces droits devraient être inférieurs à 5%.

Mais à cela peut s’ajouter une nouvelle dépréciation de la livre sterling face à l’euro. Si celle-ci atteignait 10%, les exportations européennes outre-Manche s’en trouveraient donc renchéries au total de 15% tandis que les produits britanniques achetés par l’Europe seraient au contraire moins chers, en dépit d’une taxation réciproque.

20% de compétitivité en plus pour le « made in UK », cela risque de faire fondre les considérables excédents commerciaux que tous les pays du continent dégagent vis-à-vis du Royaume-Uni.

Ainsi l’Allemagne, premier exportateur vers le Royaume et qui dégage à son égard 53 milliards de dollars d’excédents commerciaux, pourrait perdre 0,8 point de croissance sur un an si son excédent se réduisait de moitié.

C’est théoriquement plus que la France ou l’Italie qui verraient, dans la même hypothèse, leur croissance annuelle baisser de 0,3 point. Cela dit, on sait que les produits allemands, qui comportent beaucoup de biens d’équipements et de produits haut de gamme, sont beaucoup moins sensibles aux prix que les produits français ou italiens.

Mais que dire des Pays-Bas, deuxième exportateur européen outre-Manche – et deuxième excédent – vers la Grande-Bretagne, qui pourrait voir sa croissance annuelle diminuer de moitié ? On le voit, les conséquences seraient non négligeables pour les pays de l’UE précités auxquels on peut ajouter l’Espagne ou encore la Pologne.

Un déclin tout théorique de la City

D’un autre côté, certains espèrent que la fin de la libre circulation des capitaux entre la Grande-Bretagne et le continent va engendrer une délocalisation d’activités financières de la City vers Francfort, Paris ou Milan.

Mais l’hypothèse est plutôt aléatoire car Londres exporte les deux tiers de ses services financiers hors de l’Union européenne, des services financiers qui, au sens large, ont permis l’an dernier à la Grande Bretagne de dégager 110 milliards de dollars d’excédents.

Coupée de l’Europe, la City sera certes un peu moins attractive. Mais, depuis longtemps, les activités de la place de Londres sont beaucoup plus dirigées vers l’Asie ou l’Amérique que vers l’Europe.

Beaucoup d’investissements européens

Avec environ 1.500 milliards de dollars de stock d’investissements direct étranger en 2014, le Royaume-Uni est la première destination européenne de l’investissement direct des pays de l’UE.

Du fait que ce pays attire par sa fiscalité un nombre exceptionnel de sièges sociaux de grands groupes, les Pays-Bas sont le premier investisseur européen en Grande-Bretagne avec plus de 250 milliards de dollars d’actifs soit 17% du total. Mais la France vient ensuite avec 7,5%, devant l’Allemagne (4,8%) et l’Espagne (4,4%).

Le Brexit peut évidemment bouleverser cette donne. A priori, les conséquences fâcheuses en seront pour le financement de l’économie et des emplois outre-Manche. Mais, on ne peut nier que les implications parallèles de ce Brexit en terme de redéfinition des stratégies internationales des groupes néerlandais ou français ne sauraient être neutres.

Le « British tourist », gros pourvoyeur de devises

Pour peu que l’euro se renchérisse sensiblement, les touristes britanniques risquent d’être beaucoup moins enclins à voyager sur le continent. Or, ils dépensent chaque année près de 30 milliards de dollars dans les pays de l’UE.

D’abord en Espagne, où près de 11 millions de « British » se rendent tous les ans, mais aussi en France où ils sont 6 millions, bien plus que les deux millions qui se rendent en Italie ou encore au Portugal. Cela dit, on voit mal nos voisins déserter en masse l’Andalousie ou la Dordogne…

Il aura encore beaucoup d’autres conséquences du Brexit, à commencer par le possible retour des expatriés européens au Royaume-Uni. Ils sont environ, rappelons-le, près de 900.000 Polonais, 300.000 Français, 180.000 Roumains, 160.000 Italiens…

Des rapatriés du foot ?

Mais, pour quitter les domaines de l’économie ou de la finance, parlons pour finir du football. En fonction des règles de l’UEFA, des spécialistes estiment que plus de 60 joueurs européens non-britanniques jouant aujourd’hui dans les clubs de « Premier League » pourraient être contraints de quitter ce prestigieux championnat car la Grande Bretagne devra les inclure dans le quota – limité – des joueurs étrangers alors qu’aucune limite n’est imposée concernant les joueurs de l’UE dans les pays-membres.

Actuellement, la « Premier League » voit évoluer 44 joueurs français et 39 espagnols contre seulement 17 allemands et 10 italiens. Pour les équipes nationales du continent, on mesure la perte d’expertise et d’excellence que cela impliquerait !

En conclusion, la France apparaît globalement comme le pays de l’Union qui risque d’être le plus impacté par le Brexit. Mais attention, pas forcément négativement s’il cette sortie génère des relocalisations ou des retours de « cerveaux » vers l’Hexagone.

Cela dit, sur un plan strictement économique, et compte tenu de leur taille, ce sont les Pays-Bas qui peuvent se montrer les plus inquiets. Et les Espagnols ont également de quoi se faire du souci, sans parler des Polonais.


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