Alors que plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont protesté à Budapest dimanche dernier, le président hongrois a promulgué, le lendemain, une loi controversée, dirigée contre une université financée par le milliardaire George Soros. Retour sur les raisons de la colère.
L’Université d’Europe centrale (CEU, en anglais) est au centre d’une polémique nationale en Hongrie. Fondé en 1991 par le multi-milliardaire américain d’origine hongroise George Soros, l’établissement universitaire a accueilli, depuis 1991, 14 000 étudiants du monde entier. Après avoir passé une rude sélection, ces derniers bénéficiaient d’excellentes conditions d’étude, celles-ci se déroulant en anglais.
Problème, George Soros finance également, via sa fondation, l’Open Society Foundations, un certain nombre d’ONG de défense des libertés et de protection des migrants et demandeurs d’asile. Une attitude inqualifiable pour le populiste premier ministre hongrois, Viktor Orban. En février dernier, il a qualifié les proches du milliardaire « d’activistes payés par des organisations internationales (afin de) faire venir des centaines de milliers de migrants en Europe »
60 000 personnes dans les rues de Budapest
Une loi controversée a donc été votée afin de mettre des bâtons dans les roues de la CEU. Elle modifie une législation datant de 2011 et prive de licence les instituts d’enseignement étrangers qui ne disposent pas de campus dans leur pays d’origine. Ce qui est cas de la CEU.
Dimanche, entre 60 000 et 80 000 personnes de tous âges ont donc manifesté dans les rues de Budapest afin de protester contre la loi. Mais rien n’y a fait. Lundi 10 mars, le président hongrois, Janos Ader, un proche de Viktor Orban, a promulgué le texte controversé, considérant qu’il « n’enfreint pas la liberté d’étudier ou d’enseigner ».
La CEU a répondu dans un communiqué qu’elle envisageait des poursuites juridiques contre une loi jugée « discriminatoire » : « cette législation constitue une agression politique préméditée contre une institution libre qui fait fièrement partie de la vie hongroise depuis un quart de siècle ».