Une ONG a réussi à s'infiltrer dans le principal centre d'Etat hongrois en charge de l'accueil des handicapés mentaux. Son rapport fait état de maltraitances s’apparentant à de la torture
Accablant. Les experts de l’ONG Mental disability advocacy center (MDAC) ont réussi à entrer dans l’établissement Tophaz, la principale institution d’Etat s’occupant de personnes handicapées, située à Göd, à 30 kilomètres de Budapest. L’institut accueille 220 handicapés physiques et mentaux.
Leur rapport fait état d’une violence omniprésente, notamment de la part d’un personnel sous-payé. Ils ont pu constater que des personnes restaient attachées en permanence à leur lit, qu’un enfant de trois ans restait prostré dans une cage et souriait dès qu’elle était ouverte, ou qu’un adolescent était maintenu en camisole de force. Les experts du MDAC déplorent également l’état physique général des patients, la plupart étant extrêmement amaigris, en état avancé de dénutrition. D’autres affichaient de nombreuses blessures, parfois graves et apparemment non soignées – sans qu’il soit possible de déterminer si elles étaient le fait de soignants ou des patients eux-mêmes.
L’ONG demande à la Commission européenne d’enquêter
L’ONG a porté plainte auprès de la police hongroise pour maltraitance et traitements dégradants pouvant être qualifiés d’actes de torture, selon la convention de l’ONU sur la torture. Le directeur exécutif du MDAC a aussi appelé la Commission européenne à ouvrir une enquête : « Tophaz a reçu des fonds européens ; il est inacceptable que la Hongrie consacre cet argent à la violation des droits des personnes souffrant de troubles mentaux ».
Si le gouvernement hongrois, acculé, a dû condamner la situation au sein de l’établissement, il a longtemps trainé des pieds et a même cherché à masquer la réalité, organisant des visites officielles largement orchestrées.
En Hongrie, quelque 25 000 malades vivent encore dans des institutions du même type que Tophaz.