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En Lituanie, la crainte d’une annexion russe progresse

mercredi, 7 juin, 2017 - 16:02

En réponse au regroupement de forces armées russes à Kaliningrad, la Lituanie a entamé la construction d'un "mur" le long de la frontière avec l'enclave russe, qui doit également servir à stopper les nombreux passages de contrebandiers.

En Lituanie, l’annexion de la Crimée par la Russie, en 2014, est encore dans toutes les têtes. Et, surtout, fait craindre similaire scénario dans le pays. Les autorités lituaniennes voient en effet d’un mauvais oeil le regroupement progressif de forces armées le long de la frontière avec l’enclave russe de Kaliningrad. Fin mai dernier, Margarita Seselgyte, spécialiste des questions de sécurité à l’université de Vilnius – la capitale lituanienne -, déclarait ainsi au journal « Libération » que « ces derniers temps, on craint beaucoup le scénario qui verrait des forces russes traverser la frontière, infiltrer des groupes de contrebande et avoir une activité de sape. » Selon elle, certains groupes spéciaux de l’armée russe seraient même déjà passés de l’autre côté de la frontière, sans toutefois apporter la preuve de ses dires.

En revanche, impossible de nier que, depuis de longues années, les relations entre Vilnius et Moscou se sont rafraichies, pour ne pas dire détériorées. Pour Madame Seselgyte, ce froid diplomatique fait directement suite aux agressions successives de la Russie en Géorgie, en 2008, et, dernièrement, en Ukraine. « Quand j’étais ministre de la Défense, entre 2008 et 2012, je parlais déjà de tout ça, mais on y accordait peu d’attention » dit-elle. Aujourd’hui, donc, les choses ont changé. En septembre prochain, des exercices militaires russes (« Zapad », « l’Ouest » en russe) doivent se tenir tout proches de la frontière avec les pays baltes ; des dizaines de milliers de soldats russes, mais également des missiles capables de transporter des têtes nucléaires, seront du déplacement.

Réponse de l’OTAN

Afin de s’y préparer de son côté, la Lituanie a décidé de lancer la construction d’un mur le long de sa frontière avec Kaliningrad. Ce qui devrait s’apparenter davantage à un grillage renforcé qu’à un véritable mur coûtera 3,6 millions d’euros – sur fonds nationaux et non pas européens – et s’étendra sur 45 kilomètres ; il sera opérationnel d’ici la fin de l’année, selon le ministère de l’Intérieur lituanien. Et même si « cette clôture grillagée ne va certainement pas permettre d’arrêter des tanks », comme le relève Margarita Seselgyte, elle servira au moins à lutter contre les passages de trafiquants.

« La barrière aidera la Lituanie à lutter contre la contrebande et les passages illégaux de la frontière » estime Karolis Vaitkevicius, le porte-parole du ministre de l’Intérieur. Vilnius enregistre en effet de nombreux mouvements de contrebandiers de cigarettes, notamment, de part et d’autre de la frontière avec Kaliningrad. « Si nous voulons que la zone Schengen fonctionne bien, nous devons disposer d’une frontière externe de l’Union européenne bien protégée » indique-t-il.

Reste que la question économique, cruciale s’il en est, est moins prégnante que celle, plus actuelle et alarmante, de la sécurité et de l’intégrité de la Lituanie. Selon le service du renseignement national, la Russie pourrait lancer une attaque contre les pays baltes dans les un ou deux jours suivant une éventuelle décision. Il y a quelques années déjà que Vilnius a rétabli la conscription militaire limitée et augmenté son budget militaire. Mais plus récemment, l’Organisation du traité Atlantique nord (OTAN) a déployé près de mille soldats dans chacun des pays baltes et en Pologne, tandis que la France envoyait plus de 300 soldats en Estonie.

Comme un clin d’oeil à ce qui se passe à l’est du continent, Bruxelles présentait aujourd’hui, mercredi 7 juin, son projet de budget européen de la Défense. Un fonds qui devrait notamment permettre de rassembler d’ici quelques années 5,5 milliards d’euros tous les ans, afin de doter les Etats membres de capacités militaires renforcées. L’instrument financier présenté par la Commission est toutefois davantage une réponse au terrorisme qu’aux avancées russes près de la frontière européenne. Pour l’instant en tout cas.

 

Crédits photo : Igor Zarembo

 


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