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En Roumanie, « le risque existe d’un retour en arrière »

jeudi, 22 juin, 2017 - 10:03

Le 21 juin, les sociaux-démocrates ont adopté une motion de censure au Parlement pour faire chuter leur gouvernement et son Premier ministre, Sorin Grindeanu. Un "suicide politique" organisé par Liviu Dragnea, l'homme fort du Parti social-démocrate, qui devra présenter le 26 juin prochain un nouveau nom au président libéral Klaus Iohannis. 

Rien ne va plus en Roumanie. Alors que la défiance entre la population et la classe politique n’a, semble-t-il, jamais été aussi forte, la majorité de gauche au pouvoir a adopté, mercredi 21 juin, une motion de censure contre son Premier ministre, le social-démocrate Sorin Grindeanu, en place depuis six mois. Initiée par le chef du Parti social-démocrate (PSD), Liviu Dragnea, cette motion a été adoptée par 241 voix sur 464 parlementaires, alors que l’opposition de centre-droit s’est abstenue – 10 élus seulement ont voté contre.

Cela faisait quelques jours que le Premier ministre refusait de démissionner, après que la direction du PSD avait décidé de mettre fin à ses fonctions. « Nous voulons stopper un gouvernement qui n’a pas respecté le programme et les promesses de la campagne, avait déclaré avant le vote M. Dragnea, qui avait largement contribué à faire gagner son camp aux législatives de 2016. Laisser les choses continuer de la même manière nous aurait fait aller tout droit à l’échec. »

Le président de la République roumaine, Klaus Iohannis (centre droit) a aussitôt convoqué les partis politiques pour une consultations, lundi 26 juin prochain, afin de désigner un nouveau Premier ministre. Sorin Grindeanu a, de son côté, jugé « incompréhensible » le dépôt d’une motion de censure contre son gouvernement, qui a, selon lui, « bien travaillé ». « Le risque existe d’un retour en arrière, à l’époque d’avant 1989 » a-t-il déclaré, faisant référence au régime communiste de Nicolae Ceausescu et au style autoritaire de M. Dragnea.

Corruption ambiante

Ce dernier avait dû renoncer, en décembre dernier, au poste du chef du gouvernement, en raison d’une condamnation à deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale. Soucieux de conserver une main sur la politique de son pays, il continuait en revanche de tirer les ficelles de son parti – et du gouvernement – en coulisse. La rupture au sein du PSD serait ainsi née, selon plusieurs observateurs, de la réticence de M. Grindeanu à soutenir l’assouplissement de la législation anticorruption souhaité par M. Dragnea.

L’exécutif avait tout de même tenté de faire passer quelques décrets, dans la nuit du 31 janvier, afin non seulement de gommer la peine de ce dernier, mais également de limiter le pouvoir des procureurs et gracier quelque 2 000 hommes politiques et fonctionnaires emprisonnés ces dernières années. Le coup de trop pour la population, qui était descendue massivement dans les rues de Bucarest pour protester contre la corruption ambiante au sommet de l’Etat.

Car c’est bel et bien ce mal qui ronge la Roumanie depuis des décennies, alors que les chiffres de son économie, plutôt encourageants – une croissance à 4,8 % du PIB et un chômage à 5,9 % -, pourraient créer plus de retombées positives pour la population. La lutte anticorruption avait d’ailleurs été l’une des premières menées par les Roumains, au lendemain de la chute de la dictature communiste de Ceausescu en 1989. Dont on dit que son héritier naturel, par ses manières et son autorité, n’est autre que Liviu Dragnea, l’homme fort du PSD. Le cours de l’Histoire, parfois, bafouille.

 


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