L'Elysée a confirmé, mercredi 28 juin, la venue du président américain pour la cérémonie du 14-Juillet à Paris, afin de commémorer le centenaire de l'entrée en guerre des Etats-Unis en 1917. Mais la présence de Donald Trump sur les Champs-Elysées dérange, à cause de ses prises de position sur le climat notamment.
Pour son premier 14-Juillet en tant que président de la République, Emmanuel Macron sera donc aux côtés de son homologue américain, Donald Trump. Le principe d’un défilé à deux têtes remonte au mois de novembre dernier, sous le quinquennat de François Hollande ; il avait été pris pour célébrer l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917. Le président français a profité du sommet de l’Otan le mois dernier pour relancer l’invitation, acceptée par la Maison Blanche, comme l’a indiqué mercredi matin l’Elysée.
Pour Pascal Boniface, directeur et fondateur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), il s’agit d’un « joli coup politique et médiatique » pour le président français. Emmanuel Macron s’affichera en effet aux côtés de l’ « homme le plus puissant du monde », qui assistera à la démonstration de la force armée de la France, la fête nationale restant avant tout un défilé militaire. Au-delà de la seule journée du 14 juillet, les deux chefs d’Etat devraient profiter de la première visite en France de M. Trump pour évoquer certains sujets brûlants, comme la Syrie et le climat.
« Bras d’honneur sur le climat »
Si le premier est plutôt consensuel – Washington et Paris essaieront de travailler à une réponse commune en cas d’attaque chimique par le régime de Damas -, le second cristallise un certain nombre de désaccords entre les deux parties. Donald Trump, qui n’a jamais caché son aversion pour les défis climatiques actuels – allant jusqu’à rejeter la thèse du réchauffement de la planète -, a récemment retiré son pays de l’Accord de Paris sur le climat, qui engage les 193 signataires à tout faire pour contenir la hausse globale des températures à 1,5°C.
Emmanuel Macron avait d’ailleurs fait un pied de nez à Donald Trump peu après cette annonce, en reprenant à son compte le slogan du candidat à la présidentielle américaine ; « make our planet great again » avait-il déclaré, s’attirant les sympathies d’un bon nombre de politiques français. Sauf qu’en invitant le trublion de la lutte climatique mondiale, le président français a au contraire braqué une grande partie de la classe politique française. A commencer par l’écologiste Yannick Jadot, pour qui « c’est très contreproductif de récompenser quelqu’un qui nous a fait un bras d’honneur sur le climat. »
Jean-Luc Mélenchon, ancien candidat à la présidentielle et député la France insoumise, a de son côté estimé que « M. Trump n’est pas le bienvenu le 14 juillet », « la fête de la liberté des Français ». Un peu plus modéré, le député socialiste Stéphane Le Foll a reconnu que, si la venue du président américain avait du sens « puisque c’est le centième anniversaire » de l’entrée en guerre des Etats-Unis, elle n’en était pas moins paradoxale, « au moment où Trump prend des positions protectionnistes et, sur la question de la COP21, il a claqué la porte. »
Certains, comme ce diplomate cité par Europe 1, vont même jusqu’à affirmer que « c’est probablement le président américain le plus détesté de l’histoire par les Français, et pourtant on l’invite à la fête nationale ». L’Elysée, de son côté, assure que « les Etats-Unis sont un pays ami de la France » et que « cette histoire n’a pas vocation à être démentie. Il peut y avoir des désaccords, sur les questions climatiques notamment, mais sur d’autre sujets il y a des convergences de vue. » La fameuse rengaine du « et en même temps » ?