A Hambourg, où se tenait les 7 et 8 juillet le sommet du G20, les Etats-Unis ont notamment réaffirmé qu'il se désengageaient de la lutte mondiale contre le réchauffement climatique, telle que décidée à Paris en 2015, et annoncé qu'ils comptaient jouer la carte de l'isolationnisme en matière de commerce international.
On s’en doutait un peu ; voilà qui est désormais entériné . Les Etats-Unis, par la voix de leur président, Donald Trump, ont réaffirmé leur désir de protectionnisme lors du sommet qui réunissait les vingt plus grandes puissances économiques de la planète – à elles-seules 80 % du PIB mondial – à Hambourg. Ce faisant, Washington a fait du G20 allemand une arène où les rapports de force ont finalement pris le dessus sur la cohésion, l’entente et le dialogue, censés animer ces réunions multilatérales depuis 1999. Dont le leitmotiv, la lutte contre le repli sur soi en recherchant le compromis, vient d’en prendre un coup.
Pour souligner cette volonté isolationniste, Donald Trump a même volontairement loupé une bonne partie de la session de travail, préférant aux palabres à vingt des discussions plus intimes, à deux parties, comme cela se fait souvent au G20 cependant. La plus marquante, celle avec la Russie, s’est même passée lors des échanges concernant le climat, l’un des sujets sensibles de cette édition. A ce propos, les vingt pays participant ont d’ailleurs pris « note de la décision des Etats-Unis de se retirer de l’Accord de Paris », comme l’indique le projet de communiqué final.
Depuis qu’il est à la Maison Blanche, Donald Trump avait à plusieurs reprises dénoncé les termes du texte signé lors de la COP21, en 2015, et qui engage les 195 parties – plus l’Union européenne (UE) – à lutter contre la hausse des températures mondiales. Le 1er juin dernier, il avait même retiré son pays de l’Accord de Paris, trop restrictif selon lui et qui aurait amputé l’économie américaine, au profit de la Chine notamment. M. Trump cherchait surtout à pouvoir continuer d’exporter son gaz de schiste, énergie fossile très polluante, ce que le G20 – en réalité « 19+1 » – l’a autorisé à faire.
Ironie de la situation
Si la diplomatie verte a donc sacrément souffert à Hambourg, ce ne pourrait être qu’un début. Les Etats-Unis ont non seulement été autorisés à exporter leur gaz de schiste, mais le projet de communiqué stipule clairement que Washington pourra aider d’autres pays dans le monde à « avoir accès et à utiliser des énergies fossiles ». Ce point du compromis a fait l’objet d’âpres débats car plusieurs pays redoutent « un effet de contagion » selon un diplomate, mais c’était le prix à payer pour maintenir le lien au sein du forum avec les Etats-Unis. Dont les partenaires, comme pour essayer de se rassurer, ont tenu à ce que soit précisé dans le communiqué que ces énergies fossiles seraient utilisées de manière « plus propre »…
Si le président français, Emmanuel Macron, a dit à l’issue du G20 ne pas avoir perdu espoir de « convaincre » Donald Trump, qu’il verra à Paris le 14 juillet, de changer un jour d’avis, son homologue russe, Vladimir Poutine, a parlé d’un compromis « optimal » sur le climat. Déclaration sincère ou volonté de ne pas gâcher un début de relation au beau fixe entre Washington et Moscou ? Alors que les présidents américain et russe se rencontraient pour la première fois, tous deux ont jugé leur entrevue « formidable » et ont espéré une amélioration de leurs relations bilatérales.
Outre le climat, c’est le commerce international qui a également souffert des déclarations protectionnistes de M. Trump à Hambourg, dont le discours sur « l’Amérique d’abord » et les menaces de taxes douanières contre la Chine ou l’Europe – et en particulier l’Allemagne – dans l’acier ou l’automobile ont été mal reçus par ses partenaires. Ironie de la situation, les Etats-Unis ont finalement accepté de se rallier, dans la déclaration finale, à une condamnation du protectionnisme – une tradition du forum.