En avril dernier, le gouvernement Cazeneuve entérinait la procédure du tirage au sort pour l'admission à l'université, assez décriée en France. Pour la remplacer, certains évoquent la sélection, qui a déjà cours en master par exemple.
Les admissions post-bac définitives sont tombées vendredi 14 juillet en France. Et, d’après les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, ils sont 541 204 élèves à avoir reçu une proposition dans un cursus, soit un taux de satisfaction de 84,3 %, ce qui implique que 86 969 candidats sont toujours sans proposition (hors apprentissage), soit 4 000 de moins que l’an dernier. Une amélioration qui n’a pas empêché le recours au hasard pour refuser certains élèves en faculté : 92 licences ont ainsi utilisé la méthode du tirage au sort.
La pratique, utilisée depuis longtemps en cas de trop nombreux candidats dans des filières pleines à craquer, mais entérinée seulement en avril dernier par le gouvernement Cazeneuve, est très loin de faire l’unanimité. Certains de ses détracteurs, pour la remplacer, militent ainsi pour la mise en place de la sélection à l’université, qui ne va pas de soi en France mais qui est pourtant loin d’être anormale en Europe.
Le modèle anglo-saxon, très différent du modèle français, permet aux universités de sélectionner librement leurs étudiants, après examen de leur dossier scolaire et d’une lettre de motivation – le « personal statement ». Idem pour l’admission en master, qui dure en général une seule année. En revanche, les modalités d’inscription restent les mêmes ; au Royaume-Uni, les élèves se rendent sur une plateforme type Admission post-bac, appelée Universities and Colleges Admissions Service (UCAS), où ils formulent jusqu’à cinq voeux.
Viennent ensuite les pays qui, tout en privilégiant également la sélection, laissent de côté l’examen du dossier scolaire et ont recours à des examens d’entrée. En Suède, où il n’y a pas d’équivalent du baccalauréat, on accède à l’université après avoir réussi un test national d’aptitude aux études supérieures – l’ »Högskoleprovet » – ; en Espagne, l’entrée à l’université nécessite également l’obtention d’un examen, la « selectividad », sachant que plus la formation choisie est demandée, plus les résultats attendus sont élevés.
Reste le recours au numerus clausus, sorte de système hybride entre le modèle anglo-saxon et le modèle français, choisi pour certaines filières seulement, les autres restant accessibles librement. En Allemagne et en Autriche, l’université se basera sur l’examen du dossier scolaire en cas de nombre de places limitées – dans le premier pays, la majorité des formations dispensées restent cependant accessibles sans condition -, tandis qu’en Italie et au Portugal, elle organisera un concours pour sélectionner ses futurs étudiants.
Vient enfin l’aspect financier de la question : les droits d’entrée à l’université sont tellement exorbitants dans certains pays qu’ils s’apparentent ni plus ni moins à une sélection. Fin 2016, Eurydice, le réseau de la Commission européenne chargé d’informer sur les systèmes éducatifs et d’analyser les politiques éducatives en Europe, publiait d’ailleurs une étude qui témoigne de la grande disparité, d’un Etat membre à un autre, des frais d’inscription à l’université. Ce qui ne change pas grand chose aux méthodes de sélection qui ont cours dans ces pays ; mais la question d’une harmonisation des frais de scolarité peut se poser. C’est un autre débat.