Par La Rédaction
Jeudi 20 juillet s'est terminé le deuxième round des discussions sur le Brexit, à Bruxelles, entre la Commission européenne et le Royaume-Uni. Malgré des échanges cordiaux, de nombreuses divergences demeurent, comme sur la question de la "facture du Brexit" ou la frontière entre les deux Irlande.
« Nous avons pris un bon départ le mois dernier, mais nous entrons maintenant dans le vif du sujet » avait déclaré David Davis, le ministre britannique chargé de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), après une réunion avec Michel Barnier, le commissaire européen qui pilote le dossier, le 17 juillet à Bruxelles. « Pour nous, il est très important que nous fassions des progrès. Le moment est venu maintenant de nous mettre au travail et d’en faire une négociation fructueuse » avait-t-il ajouté.
Même son de cloche chez son homologue européen : « Nous allons maintenant nous plonger au coeur du dossier. Nous devons examiner et comparer nos positions respectives afin d’accomplir des progrès » avait-t-il estimé. Les deux camps auront jusqu’au 29 mars 2019 pour fixer les termes du Brexit, qui incluront nécessairement les contours de leurs futures relations. Prochains sujets de discussion, et ce jusqu’au mois d’octobre : les droits des trois millions de ressortissants européens vivant en Grande-Bretagne et du million de Britanniques installés sur le continent, les obligations financières du Royaume-Uni et, notamment, le devenir de la frontière entre les deux Irlande.
Ce dernier sujet ne manquera sans doute pas de faire couler beaucoup d’encre, voire d’attiser les passions. L’Irlande du Nord – qui fait partie du Royaume-Uni – sortira de l’UE en même temps que Londres, alors qu’une majorité d’Irlandais avaient voté contre le Brexit en 2016. Aujourd’hui, Theresa May est d’ailleurs obligée de faire équipe avec le DUP, parti nationaliste irlandais, unioniste et, donc, favorable au Brexit, pour gouverner, à cause de la perte de sa majorité à la Chambre des Communes.
Solde de tout compte
Pour mémoire, c’est la Première ministre elle-même qui avait anticipé la tenue des élections législatives. Le but : avoir une majorité forte pour aller plaider la cause du Brexit à Bruxelles. Il n’en fut rien, donc. Au contraire, Theresa May doit faire face à une fronde dans son propre camp politique ; certains ténors – comme Boris Johnson, le ministre des Affaires étrangères – militent encore pour un « hard Brexit », là où Mme May semble avoir adouci ses positions.
D’autres membres du gouvernement, comme le ministre des Finances, Philip Hammond, sont au contraire favorables à un « soft Brexit », qui impliquerait que le Royaume-Uni demeure un peu plus longtemps au sein de l’UE, le temps pour son économie de se stabiliser. Car celle-ci ne manquera pas d’être chamboulée une fois Londres détachée de Bruxelles ; on ne peut prévoir comment réagiront les marchés financiers. En revanche, le « solde de tout compte » est déjà plus ou moins connu : les obligations financières que le Royaume-Uni aurait à respecter sont comprises entre 60 et 100 milliards d’euros.
Une « facture » qui ne correspond pas à la réalité selon Londres, qui considère le montant « exorbitant ». « Une clarification de la position du Royaume-Uni est indispensable pour négocier et aboutir à des progrès suffisants sur ce dossier financier qui est inséparable des autres dossiers du retrait » a soutenu Michel Barnier lors d’une conférence de presse, jeudi 20 juillet, alors que l’UE attend toujours la publication de la position britannique sur ce règlement financier. « Une sortie ordonnée, a ajouté le commissaire européen, exige de solder les comptes ». Et pour l’instant, c’est peu de dire que l’on assiste à une sortie désordonnée.