Le parti d'extrême droite se réunissait les 21 et 22 juillet derniers pour évoquer sa "refondation" et mettre aux voix les sujets phares de l'appareil frontiste. Si la sortie de l'euro a été largement évoquée, elle a été reléguée en fin de quinquennat, cédant sa place à des sujets plus consensuels comme la dénonciation de l'immigration.
Cette fois, pas de sourires outranciers ni de déclarations à l’emporte-pièce. Les mines sont restées sobres, comme les propos tenus par les membres du Front national (FN) à l’issu des deux jours de débat sur sa « refondation ». Presque pas un mot, non plus, sur les éventuelles dissensions internes au parti ; il faut dire que les cadres frontistes étaient tenus au silence par une charte de confidentialité. C’est la fuite d’un document préparatoire de Florian Philippot, quelques jours avant la réunion, qui les avait incité à se taire.
Seul le communiqué publié par le parti pouvait donc renseigner la teneur des échanges des 21 et 22 juillet derniers. Et l’un des sujets les plus polémiques, la sortie de l’euro si le FN accède au pouvoir en France, a ainsi été renvoyé en fin de quinquennat, bien que le parti d’extrême droite affirme avoir pris acte « des inquiétudes exprimées par une partie » des Français « sur la question de l’euro ».
Les principaux dirigeants du FN « proposeront aux adhérents de nouvelles modalités et un nouveau calendrier, afin de retrouver, de manière successive et sur la durée d’un quinquennat, nos différentes souverainetés, en commençant prioritairement par la souveraineté territoriale et donc la maitrise de nos frontières migratoires et commerciales. Afin de se donner le temps nécessaire, le recouvrement de la souveraineté monétaire clôturera ce processus. »
Le « Frexit » toujours d’actualité
Si la question de l’euro a nécessairement occupé une place importante durant ces deux jours, Florian Philippot ayant menacé de quitter le parti si celui-ci abandonnait la sortie de la France de l’Union monétaire, elle a donc été reléguée au dernier rang des priorités. Pour certains frontistes, c’est en effet ce sacrosaint principe du parti extrémiste qui a poussé Marine Le Pen à trébucher lors du second tour de la présidentielle, en mai dernier.
Mieux valait donc mettre en avant des sujets davantage consensuels au sein du FN, comme le refus de jouer les terres d’asile pour les migrants. Une manière également de dire à son numéro deux qu’il est plus que jamais contesté en interne ? Nullement selon M. Philippot, d’après qui « aucun règlement de comptes » n’a eu lieu lors des débats. « Il n’est toujours pas question de s’accommoder de la monnaie unique » a-t-il cependant déclaré, et, selon lui, « le principe de l’opposition à l’Europe et la sortie de l’euro est réaffirmé, avec l’idée que le « Frexit » doit s’organiser non pas en trois heures, mais sur la durée du quinquennat ».
Bien qu’ils le nient, les membres du FN se divisent aujourd’hui très clairement en deux groupes : les « souverainistes » d’un côté ; les « identitaires » de l’autre. Le lancement, il y a quelques mois, par Florian Philippot de son mouvement politique, « les Patriotes », en dit long sur l’état de santé du parti frontiste. Une entité vieillissante, qui a chuté et qui peine à se relever. La fracture, pour l’instant, est fermée. Jusqu’à quand ?