Après qu'EDF a annoncé, début juillet dernier, une hausse du prix du projet, Jean-Bernard Lévy, le patron de l'électricien français, a réaffirmé au ministre de l'Economie qu'il reprenait la main sur le dossier et que les travaux commenceraient à la date prévue, mi-2019.
S’il ne s’agit pas officiellement d’un recadrage, cela en a tout l’air. Le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a reçu lundi dernier le patron d’EDF, Jean-Bernard Lévy, pour lui faire part de ses inquiétudes concernant le projet de centrale nucléaire Hinkley Point C en Angleterre. Il est « impératif », selon le ministre français, d’éviter de nouveaux dérapages et « de tenir les délais et le cadre financier sur la table maintenant ».
EDF, géant énergétique tricolore détenu à 83,4 % par l’Etat, a récemment annoncé s’attendre à un surcoût de 1,5 milliard de livres (plus de 1,8 milliard d’euros) pour le chantier de construction de deux réacteurs de type EPR dans le sud-ouest de l’Angleterre, en évoquant des risques de retard de neuf à quinze mois. A l’issue d’une « revue complète » du projet, l’électricien français avait en effet déclaré, le 3 juillet dernier, que le prix de celui-ci se situerait plutôt aux alentours des 22,4 milliards d’euros, soit une hausse de 8 % par rapport au devis initial.
Une information partagée par Vincent de Rivaz, le directeur général d’EDF Energy, filiale britannique du groupe français, qui a également précisé que le dérapage financier sera partagé entre EDF, qui finance 66,5 % du projet, et son partenaire China General Nuclear Power Corporation (CGN), qui en finance de son côté un tiers.
Transition énergétique
Après cette annonce, M. Le Maire avait demandé à Jean-Bernard Lévy de présenter, d’ici fin juillet, un plan d’actions pour s’assurer de la maitrise du surcoût du projet et du calendrier. Ce qu’il a fait. « M. Lévy a apporté les précisions nécessaires et a surtout indiqué qu’il avait repris la main personnellement sur le dossier » a souligne une source de Bercy proche du dossier. Le ministre de l’Economie « restera vigilant » et des « points d’étape sont prévus dans les mois qui viennent » a conclu son entourage à l’AFP.
Côté EDF, cette révision à la hausse du prix et des délais s’explique, très simplement, par les modifications en cours du design de l’EPR réclamées par l’autorité de sûreté nucléaire britannique et la révision du volume et du séquencement des travaux sur site, qui ont débuté en mars. De quoi faire dire, en tout cas, à M. de Rivaz, que « le chantier avance conformément au planning » et le début de la construction, à proprement parler, du bâtiment réacteur, est toujours prévu « mi-2019 ».
Pour mémoire, le projet Hinkley Point avait été décidé en 2006 par le gouvernement de Tony Blair, pour accompagner la fermeture des centrales à charbon, extrêmement polluantes, en Angleterre. L’électricité d’origine nucléaire, faiblement émettrice de gaz à effet de serre – principale cause du réchauffement climatique -, est le choix fait par de plus en plus de pays, comme la Chine ou l’Afrique du Sud, pour décarboner leur économie.