Mercredi 23 et jeudi 24 août, Emmanuel Macron était en Autriche et en Roumanie pour évoquer la révision de la directive européenne sur les travailleurs détachés, et tenter de faire infléchir les pays de l'Est, traditionnellement opposés à toute évolution.
Emmanuel Macron est entré dans le vif du sujet sur la scène européenne. Comme il l’avait promis avant de partir en vacances, il s’est rendu en Europe centrale pour évoquer le travail détaché au sein de l’Union européenne (UE), sujet brûlant qui oppose traditionnellement les pays de l’Est et de l’Ouest du continent.
« Démantèlement de l’UE »
Mercredi 23 août à Salzbourg (Autriche), entouré du chancelier autrichien et des Premiers ministres tchèque et slovaque, et hier à Bucarest (Roumanie), où il a rencontré son homologue roumain, le chef de l’Etat français a redit son souhait de voir réviser la directive sur les travailleurs détachés, un texte souvent accusé, en France, de créer du « dumping social ».
D’après le texte, des salariés européens peuvent se rendre dans un autre Etat membre pour y travailler, tout en étant soumis aux cotisations sociales de leur pays d’origine. « La directive telle qu’elle fonctionne est une trahison de l’esprit européen dans ses fondamentaux » a déclaré Emmanuel Macron avant la rencontre autrichienne. « Le marché unique européen et la libre circulation des travailleurs n’ont pas pour but de favoriser les pays qui font la promotion du moindre droit social ».
« Le problème de la directive des travailleurs détachés, a-t-il ajouté lors de son déplacement en Roumanie, c’est que, aujourd’hui, parce qu’elle propose un cadre trop faible, elle conduit des entreprises françaises à embaucher en France des ressortissants du reste de l’UE et en particulier des pays à bas coûts. » Pour le président de la République français, si rien n’est fait, « c’est un démantèlement de l’UE » qui se profile.
« Europe qui protège »
Longtemps très réfractaires à faire évoluer ce système, certains pays de l’Est semblent aujourd’hui prêts à discuter. Et faire des concessions ? Les Premiers ministres tchèque, Bohuslav Sobotka, et slovaque, Robert Fico, ont donné leur accord de principe pour réviser la directive et se sont engagés à « débattre pour trouver un accord d’ici octobre ».
Un gage de « bonne volonté » qui n’a pas échappé à Emmanuel Macron, qui espère ainsi faire éclater le « groupe de Visegrad », qui regroupe, outre la République tchèque et la Slovaquie, la Pologne et la Hongrie, très opposées au durcissement de la directive prôné par le président français. « Nous allons tout faire pour que l’ensemble du groupe de Visegrad rejoigne nos positions » a d’ailleurs affirmé Robert Fico.
La révision du travail détaché, en Europe, est pour Emmanuel Macron la condition sine qua non d’une « Europe qui protège » comme il l’appelle de ses voeux. Car aujourd’hui, il n’est pas impossible, au sein de l’UE, de faire travailler deux personnes sur le même poste avec deux salaires différents. Une situation qui agace les eurosceptiques d’Europe de l’Ouest, qui s’en servent pour tacler dès qu’ils le peuvent les institutions européennes.
Rendez-vous à la prochaine réunion des ministres du travail, le 23 octobre, pour voir si Emmanuel Macron a remporté son pari.