Par La Rédaction
On prête à l'actuel responsable du Brexit côté européen, ancien commissaire à Bruxelles et passé par les cabinets ministériels en France, le dessein de se présenter à la présidence de la Commission européenne. D'où l'importance, s'il veut succéder à Jean-Claude Juncker en 2019, de parvenir à une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne tout en douceur.
Au lendemain du troisième round des négociations sur le Brexit, la semaine dernière, Michel Barnier l’avait expressément affirmé : les avancées sur le dossier sont loin d’être suffisantes pour demander aux Etats membres qu’ils se penchent dessus. En cause, notamment : l’ « exit bill », la facture que devra payer le Royaume-Uni lorsqu’elle sortira effectivement de l’Union européenne (UE) – la date étant fixée pour mars 2019 – afin de solder toutes ses obligations. Tandis que Bruxelles table sur une note de 60 à 100 milliards d’euros, Londres refuse de communiquer son montant – voire refuse de payer tout court.
Les discussions patinent donc sacrément entre les deux camps. Pourtant, M. Barnier, chargé du dossier côté européen, est obligé de réussir. C’est la condition sine qua non pour parvenir à son « rêve européen », selon le site Internet « Politico.eu » : gagner la présidence de la Commission européenne. Le CV succinct dressé par le pure player est on ne peut plus parlant : Michel Barnier, « deux fois commissaire européen et qui a servi dans différentes équipes ministérielles en France, renferme une ambition brûlante pour le plus haut poste de l’UE ».
« Son rêve a toujours été d’être président de la Commission, et ce rêve a été brisé en 2014 » affirme Alain Lamassoure, aujourd’hui député européen et ancien membre de l’Assemblée nationale. Michel Barnier sait ce qu’il a à faire pour que celui-ci se réalise : s’il souhaite remplacer Jean-Claude Juncker en 2019, l’actuel « M. Brexit » de la Commission doit parvenir à un accord entre Bruxelles et Londres sous peu. Pendant que ses rivaux potentiels dans la course à la présidence, eux, tableraient sur le durcissement des discussions pour acculer le Royaume-Uni.
« Il n’a pas d’expérience de Premier ministre pour être président de la Commission, mais s’il parvient à un Brexit tout en douceur, il peut réaliser son rêve » note Alain Lamassoure, issu du même bord politique que Michel Barnier (le PPE, conservateurs). « Le calendrier coïncide d’ailleurs parfaitement. Il devrait avoir fini dans deux ans. Et s’il a mené à bien les négociations, il sera candidat. » Jean-Claude Juncker, l’actuel locataire du Berlaymont (le siège de la Commission à Bruxelles) dont il est très proche, insiste d’ailleurs sur le fait qu’il ne se représentera pas en 2019. La voie est tout tracée – à condition que le Brexit soit une réussite, donc.