Actuellement en ballotage défavorable dans les sondages, qui donnent les chrétiens démocrates d'Angela Merkel vainqueurs des législatives du 24 septembre prochain, le SPD, emmené par l'ancien président du Parlement européen Martin Schulz, regarde déjà l'après-élections.
« Pourquoi cela va-t-il si mal ? » Telle est la question posée par The Economist à propos de la campagne électorale du SPD (sociaux-démocrates allemands) dans sa dernière édition print. Le parti, pendant quatre ans, a fait partie d’une « grande coalition avec les chrétiens-démocrates d’Angela Merkel. Il a plutôt fait de grandes choses, dont le salaire minimum, les quotas de femmes dans les entreprises et le mariage gay. »
Mais force est de constater qu’à l’approche des élections législatives du 24 septembre prochain, le parti de Martin Schulz, qui culmine à 23 % dans les sondages, n’est pas au mieux. Il pourrait d’ailleurs réaliser son score historiquement le plus bas, celui qu’il avait fait en 2009. Alors oui : « pourquoi cela va-t-il si mal ? »
Le fait d’avoir été dans une coalition avec le parti de la chancelière, tout d’abord. Carsten Schneider, député social démocrate de 41 ans, en meeting il y a quelques jours à Weimar, le reconnait volontiers : « L’économie allemande se porte bien, les salaires augmentent, le chômage est plus bas que jamais ». Difficile pour le SPD, dans ces conditions, d’attaquer frontalement la CDU de Mme Merkel.
Les sociaux-démocrates, également, sont de plus en plus concurrencés sur leur gauche. Dans le Länder de Thuringe, par exemple, le SPD fait partie d’un gouvernement « dirigé par la branche locale du Parti de Gauche, issu de la fusion des anciens communistes est-allemands et des sociaux démocrates de l’Ouest qui ont quitté le SPD après l’Agenda 2010 », la réforme qui a libéralisé le marché du travail.
« Une bonne élection à perdre »
Depuis les années 2000, face à l’émergence d’une gauche anti-libérale, les sociaux-démocrates se battent pour conserver leurs voix tant bien que mal. « En 2000, 37 % des votants étaient des « cols bleus » ; aujourd’hui ils ne sont plus que 19 %. En Thuringe, par exemple, les vieilles industries textiles ont cédé leur place aux nouvelles technologies, comme le laser, à l’optique et au tourisme. »
Cette année, selon l’hebdomadaire anglais, « le vote va donc sombrer ». Alors que le SPD arrivait régulièrement en première position dans cet Etat, il devra sans doute se contenter de la 4ème place le 24 septembre prochain, après la CDU, le Parti de Gauche et Alternative for Germany (AfD), un parti de droite populiste et eurosceptique.
Pourtant, « quand Martin Schulz est apparu comme le candidat naturel à la chancellerie pour le parti en janvier dernier […] il semblait pouvoir résoudre les problèmes du SPD ». L’ancien président du Parlement européen avait notamment pris ses distances par rapport à l’Agenda 2010 et n’était pas mouillé dans la coalition avec la CDU. Mais si les sociaux-démocrates ont commencé haut dans les sondages, talonnant presque le parti de Mme Merkel, une succession de revers lors d’élections locales a semblé sceller le destin du SPD. Et de Martin Schulz ?
Pour The Economist, le parti aura à choisir entre la création d’une nouvelle coalition de gouvernement ou retourner dans l’opposition. Si la première solution l’emporte, M. Schulz aura sans doute à coeur de travailler avec la chancelière et Emmanuel Macron à une intégration plus poussée de la zone euro. Si les troupes sociales-démocrates n’y mettent pas leur veto toutefois.
Beaucoup d’entre elles regardent déjà les prochaines élections en 2021 ; « quatre ans dans l’opposition donnerait au SPD une chance de renouveler sa génération politique, avec des figures comme M. Schneider et Manuela Schwesig, qui dirige le Länder de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale. » Il se pourrait donc que les législatives du 24 septembre soient « une bonne élection à perdre ».