L’avenir est aux énergies renouvelables. L’idée s’est imposée dans les sphères scientifique et politique, mais le calendrier pour faire des énergies vertes le socle de la consommation énergétique varie beaucoup d’un groupe à l’autre. L’éolien et le photovoltaïque progressent, mais à un rythme moins soutenu qu’espéré au moment où le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, entend fermer près d’un tiers du parc nucléaire français au cours des prochaines années. Une équation impossible qui pourrait se conclure sur un échec des politiques publiques en matière d’énergie et d’environnement.
L’avenir est aux énergies renouvelables. L’idée s’est imposée dans les sphères scientifique et politique, mais le calendrier pour faire des énergies vertes le socle de la consommation énergétique varie beaucoup d’un groupe à l’autre. L’éolien et le photovoltaïque progressent, mais à un rythme moins soutenu qu’espéré au moment où le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, entend fermer près d’un tiers du parc nucléaire français au cours des prochaines années. Une équation impossible qui pourrait se conclure sur un échec des politiques publiques en matière d’énergie et d’environnement.
L’été 2017 a apporté son lot de doutes quant à l’avenir du mix énergétique français. Le 31 août 2017, le ministère de la Transition écologique et solidaire publiait des chiffres en demi-teinte relatifs au développement des énergies renouvelables. L’élan est toujours positif, mais a sérieusement ralenti et accroît ainsi le retard de la France sur ses objectifs. Paris s’était engagé à atteindre 18 % d’énergies renouvelables en 2016, mais est resté bloqué à 15,7 %. Un premier écueil qui en appelle un autre puisque l’objectif de 23 % d’EnR en 2020 semble d’ores et déjà hors de portée.
Un rythme de développement des EnR trop lent
Les secteurs des transports et du solaire constituent les bons élèves de la classe. Le premier a dépassé de 0,3 point l’objectif de 8,4 % d’énergie verte qui lui avait été fixé tandis que le photovoltaïque peut compter sur une puissance cumulée de 7,4 GW. Les dernières évolutions sont toutefois à souligner puisqu’un net ralentissement du développement de nouvelles structures raccordées a été constaté. Un même ralentissement des raccordements (9 %) a aussi été enregistré dans l’éolien après – il est vrai – un record au premier trimestre 2016. Le parc éolien français atteint désormais 12,3 GW. Il faut encore plus d’1,5 million de tonnes équivalent pétrole (Mtep) dans l’éolien terrestre et autant dans l’éolien offshore pour atteindre l’objectif de 2020…
Qu’en sera-t-il de l’objectif 2030 qui vise 32 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique ? Le retard peut toujours être rattrapé, mais les prochaines années vont être décisives. Les énergies renouvelables doivent encore prouver leur efficacité et surtout leur pérennité, car l’éolien ou encore le photovoltaïque sont des énergies intermittentes. Sans soleil ou vent assez forts, la production tend vers zéro et provoque des pannes de courant. C’est pourquoi la question du stockage de l’énergie est déterminante et constitue un sujet d’étude pour des milliers d’ingénieurs et de chercheurs à travers le monde. Dans cette compétition mondiale pour la meilleure solution technique qui permet de stocker le surplus d’énergie produite par des éoliennes et panneaux photovoltaïques, la France est l’un des leaders.
Selon une étude du cabinet Clean Horizon publiée en juillet 2017, la capacité française de stockage de l’énergie pourrait tripler d’ici à 2020 et représenter 100 MW. Ce développement rapide va beaucoup dépendre des solutions mises en place sur les territoires insulaires que comprend l’Hexagone. L’île de la Réunion est un exemple en la matière avec la récente installation d’un microgrid par EDF-SEI destiné à la population du cirque de Mafate. L’ énergie issue des panneaux solaires qui n’est pas directement consommée est transformée en hydrogène grâce à un ingénieux système de batteries lithium et d’un catalyseur. L’énergie peut être stockée jusqu’à une dizaine de jours avant d’être utilisée.
Toutefois, le stockage de l’énergie est encore imparfait et si les batteries sont le principal axe de développement, d’autres techniques sont étudiées (et mises en place à des rythmes très variés) comme les volants d’inertie ou les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP). La solution unanimement saluée et utilisée est encore à trouver. Ce qui montre que le développement des énergies renouvelables ne pourra pas encore se faire à un rythme extrêmement rapide.
Nicolas Hulot en guerre contre le nucléaire ?
C’est dans ce contexte clair-obscur que le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a alimenté les débats du début d’été 2017 en déclarant que 17 réacteurs nucléaires pourraient être amenés à fermer dans les toutes prochaines années. Ce chiffre qui n’a pas encore été définitivement arrêté correspond à un tiers du parc nucléaire français. « Chacun peut comprendre que pour tenir cet objectif (passer la part du nucléaire de 75 % à 50% d’ici 2025), on va fermer un certain nombre de réacteurs » a déclaré le 10 juillet dernier l’ancien leader de la cause écologiste. Une annonce qui a suscité des réactions très contrastées et qui a soulevé une question essentielle : comment procéder à une telle baisse dans des délais aussi courts ?
Car si une centrale peut-être fermée, il faut qu’une puissance énergétique équivalente prenne sa place et, malheureusement, l’essor des énergies renouvelables n’est pas assez important pour se passer d’un tiers du parc nucléaire. Se priver aussi vite d’une énergie décarbonée aurait certainement des conséquences sur le quotidien des Français, sur leur facture d’électricité et sur leur enthousiasme quant à participer activement à la transition énergétique. Le pari du ministre est très risqué d’autant plus qu’EDF a entamé depuis près de dix ans un grand carénage. De nombreux sites ont entamé ou sont en voie de commencer des travaux qui doivent permettre aux réacteurs de fonctionner au-delà de quarante ans. L’allongement de la durée de vie des centrales est considéré par EDF comme un moyen de contribuer à une transition énergétique réussie, sans secousse et indolore pour les consommateurs malgré le budget de 55 milliards d’euros pour la période 2014-2025.
Un parc nucléaire qui reste incontournable d’autant plus que l’EPR de Flamanville fonctionnera à partir de fin 2018 après quelques déboires qui ont pu faire craindre un échec du nucléaire de troisième génération. L’Autorité de Sûreté du Nucléaire (ASN) est vigilante sur ce dossier et a déjà imposé que le couvercle de la cuve soit remplacé d’ici la fin 2024. Le grand carénage est lui aussi sous le contrôle d’une ASN pointilleuse dont les futures décisions auront un impact très important dans la transition énergétique menée par la France. Le pays avance sur deux jambes : nucléaire et énergies renouvelables et vouloir modifier sa démarche trop vite pourrait avoir de fâcheuses conséquences quand bien même l’intention est louable.
Par Jean Khattali