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Portugal : la justice justifie la violence conjugale…en citant la Bible

mardi, 31 octobre, 2017 - 13:22

Le tribunal de Porto a justifié, la semaine dernière, la condamnation légère d'un homme ayant battu sa femme adultère au nom de principes religieux. Une décision qui a provoqué l'indignation.

En pleine affaire Weinstein, du nom de ce producteur américain accusé par plusieurs actrices de harcèlement, et alors que le hashtag « #me too » fleurit sur les réseaux sociaux, la décision fait tâche. Le tribunal de Porto, invité à se prononcer en appel, a rendu public la semaine dernière son jugement concernant une affaire de violence intra-conjugale. Et confirmé, contre l’homme accusé, la peine de 15 mois avec sursis et 1 750 euros d’amende prononcée en première instance.

L’affaire est pourtant gravissime : découvrant l’infidélité de sa femme, ce Portugais fait, en 2015, équipe avec l’amant de celle-ci. Les deux hommes enlèvent la femme, la séquestrent et la battent à répétition. La victime ayant porté plainte, l’ex-époux est jugé et condamné à 15 mois de prison avec sursis, une peine jugée trop légère par le parquet, qui fait appel. En vain donc.

Mais au-delà de l’impunité, ce sont les motifs invoqués par les juges qui font polémique. Dans sa décision, le tribunal de Porto considère ainsi que « l’adultère commis par une femme est une conduite que la société condamne et condamne fortement ». Les juges expliquent même « comprendre la violence de l’homme, victime de cette trahison après avoir été vexé et humilié par sa femme ». Les magistrats font même appel à la Bible pour justifier leur décision : « Dans la Bible, écrivent-ils, nous pouvons lire que la femme adultère devait être punie de mort ».

Les associations de défense des femmes « perplexes et révoltées »

La décision du tribunal de Porto a suscité une vive émotion dans le pays. Plusieurs milliers de personnes ont d’ores et déjà signé une pétition pour dénoncer cette décision. « Nous sommes perplexes et révoltées », ont déclaré les membres de l’Union des femmes Alternative et Réponse (UMAR) : « cette décision légitime tout simplement la violence conjugale contre les femmes ».

De son côté, l’ONG Amnesty International a déclaré que la référence biblique « viole le principe de séparation de l’Eglise et de l’Etat ».

Le Conseil supérieur de la magistrature portugais a annoncé, jeudi 26 octobre, l’ouverture d’une enquête sur ce verdict très controversé.


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