Deux ans après l’Accord de Paris, la transition énergétique est au cœur des problématiques financières. Entre les retombées de la COP23 qui s’est tenue à Bonn, les conclusions rendues par le Green Finance Study Group fin novembre en Allemagne dans le cadre du G20, et le Sommet Climat de Paris du 12 décembre prochain, le défi est de se coordonner sur les trois sujets clés liés au financement de l’économie verte dite durable : l’information sur le contenu carbone des portefeuilles, les obligations vertes et la régulation financière climatique.
Réussir la transition énergétique nécessitera du temps d’une part et des capitaux d’autre part. Les investisseurs institutionnels l’ont bien compris comme la Caisse des Dépôts qui a, par exemple, consacré 15 milliards d’euros à des investissements directs « verts » depuis deux ans.
Les grands groupes, notamment les énergéticiens français, leaders en émissions de financements spécifiques, ont également mis le pied à l’étrier et jouent un rôle majeur. C’est le cas d’EDF, qui, avec plus de 30 GW d’actifs renouvelables en exploitation dans le monde, est un acteur essentiel du développement des énergies renouvelables, mais également un pionnier de la finance verte. L’un ne va pas sans l’autre. Cela s’inscrit dans le cadre d’une prise de conscience des enjeux de la lutte contre le changement climatique et du financement de la transition énergétique et écologique. « Face aux défis du réchauffement climatique et à l’heure de la COP23, EDF dispose de nombreux atouts pour contribuer à une croissance décarbonée et continuera à soutenir toute initiative incitant les entreprises à plus de transparence sur les actions menées en faveur du développement durable », mentionne Xavier Girre, directeur financier de l’énergéticien français. « L’innovation, la responsabilité et la proximité avec les territoires sont au cœur de la conception de nos projets et de leur financement. », assure-t-il.
Les Green Bonds , levier de la finance verte pour Xavier Girre
Les Green Bonds sont des emprunts obligataires émis par une entreprise, une organisation internationale ou une collectivité locale pour financer un projet contribuant à la transition écologique. Les encours progressent rapidement en France : « En 2017, le total des nouvelles émissions « vertes » flirte avec les 100 md$ et leur nombre s’est accru de 27 % en un an ”, indique Frédéric Gabizon, responsable du marché obligataire chez HSBC France. Fin octobre, avec 13 % des volumes émis dans le monde, la France occupait la première place en Europe et la troisième dans le monde.
Le groupe EDF par exemple, émet des Green Bonds exclusivement dédiés au financement de la construction de projets éoliens et solaires réalisés par sa filiale EDF Energies Nouvelles, et, plus récemment, à la modernisation et au développement de son parc hydroélectrique en France.
En quelques années, les Green Bonds sont devenus chez EDF des instruments de financement incontournables pour les investissements dans les énergies renouvelables, axe essentiel de la stratégie Cap 2030. « Les obligations ont favorisé la diversification de notre base d’investisseurs obligataires, en nous permettant notamment d’accéder aux fonds d’investissement responsable, en forte expansion », explique Xavier Girre. Aujourd’hui, ce programme affiche un encours de 4,5 milliards d’euros, issus d’émissions en euros, mais aussi en dollars et en yens.
Le géant de l’énergie Engie n’est pas en reste et a lui aussi émis en septembre dernier son troisième emprunt obligataire « vert » pour un montant de 1,25 milliard d’euros. Depuis 2014, l’ex-GDF Suez a émis au total pour 5,25 milliards d’euros de Green Bonds.
Des investissements favorisant une croissance bas carbone
De plus en plus d’acteurs du financement de l’économie comme la Banque Publique d’Investissement (BPIfrance), les Régions, les plateformes de crowfunding et bien sûr l’Etat intègrent désormais dans leur choix d’allocation des critères environnementaux, sociaux, sociétaux et éthiques. Cette tendance a été amplifiée en France par la loi de 2015 sur la transition énergétique pour la croissance verte , qui demande aux investisseurs d’expliciter la manière dont ils prennent en compte les critères ESG (Environnement, Société, Gouvernance). En outre, la mesure de l’empreinte carbone contenue dans les portefeuilles d’investissement se généralise.
Il y a un an, la Commission européenne s’est, elle-aussi, saisie du sujet en demandant à un groupe de vingt personnalités de la société civile, du secteur financier et du milieu universitaire, et dirigé par le commissaire européen chargé de l’euro et du dialogue social Mr Vladis Dombroskis, de formuler des recommandations pour orienter davantage les flux de financement vers des actifs durables. Parmi les recommandations, le groupe de travail a estimé, en juillet, que le secteur financier avait un rôle essentiel pour d’ une part atteindre les objectifs en matière de changement climatique fixés dans l’Accord de Paris et d’autre part répondre au programme européen de développement durable à l’horizon 2030. « Il est essentiel aussi que les capitaux privés soient davantage mobilisés dans l’investissement vert et durable, de façon à permettre la transition vers une économie bas carbone »