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Johnny Halliday et ses frères européens

jeudi, 14 décembre, 2017 - 10:22

Célèbre en France, Johnny était un quasi-inconnu dans le reste de l’Europe non francophone. Elton John mis à part, c’est la même chose chez nos voisins : les grosses vedettes du rock ou de la pop y déchainent les foules nationales sans que leur notoriété passe les frontières

La disparition du rocker français le plus célèbre a plongé le pays dans la consternation et jeté sur le pavé parisien, à l’occasion de ses funérailles samedi dernier, plusieurs centaines de milliers de fans éplorés.

Pourtant, Johnny Hallyday, malgré ses 50 albums et ses 3250 concerts produits depuis 57 ans, n’a guère vu son immense popularité déborder des frontières de l’Hexagone ou des pays francophones limitrophes.

Comme le soulignait ironiquement un journal anglo-saxon, il est « le plus célèbre rocker de la planète dont quasiment personne n’a jamais entendu parler ! ».

Typically non french !

De fait, celui qui s’est donné en spectacle devant un public cumulé de 28 millions de spectateurs et qui, prétendent les maisons de disques, aurait vendu près de 110 millions de Vinyl ou de CD, n’est guère connu, à l’étranger que par les expatriés français et quelques « fondus » de rock&roll.

La raison en est simple : il n’a absolument rien de ce « typically french » qui a pu séduire naguère des publics anglo-saxons, germaniques ou asiatiques touchés à des degrés divers par des stars comme Edith Piaf, Tino Rossi voire même Charles Aznavour.

D’ailleurs, même si les chiffres sont à coup sûr gonflés, au palmarès mondial des ventes de disques, Johnny Hallyday est devancé par Aznavour (crédité de 200 millions de disques) et carrément distancé par Tino Rossi (qui aurait passé les 500 millions durant ses 52 ans de carrière).

Et il est très loin du milliard de disques attribué à chacun des trois « papes » du hit parade mondial que sont Elvis Presley, Michael Jackson et les Beatles.

Elton John en catégorie mondiale

De surcroit, si l’on s’en tient à ses équivalents européens, d’autres «Johnnies» vendent plus que notre star. A commencer par le Johnny britannique qu’est Elton John puisqu’on parle à son égard de 300 millions de disques vendus.

Mais, contrairement à Johnny, Elton John joue en catégorie mondiale et vend plus de disques aux Etats-Unis qu’au Royaume-Uni. Son single « candle in the wind », sorti en 1997 s’écoule à 33 millions d’exemplaires alors que le single phare de Johnny, « Marie », sorti en 2002, n’atteint que 1,4 million de ventes.

Mais Elton présente beaucoup de point communs avec Johnny : la carrière de cet enfant unique né en 1947 sous le nom de Reginald Dwight est presque aussi longue (50 ans), ses concerts encore plus nombreux (4000) et sa discographie (33 albums) presqu’aussi abondante.

Comme Johnny, il a traversé des périodes sulfureuses marquées par l’alcool et la drogue. Cela dit, Elton John est un auteur-compositeur et pas seulement un interprète.

Adriano Celentano plus connu en Europe

Bientôt octogénaire, l’italien Adriano Celentano (en concert à Vérone sur notre photo) a commencé sa carrière de rocker en 1957. Il a produit 36 albums et est réputé avoir vendu plus de 150 millions de disques.

Compositeur-interprète comme Elton, il est également acteur, comme Johnny mais aussi réalisateur de film et animateur télé. Outre un engagement politique plutôt à gauche qui le différencie du « french Elvis », la réputation de Celentano a vraiment passé les frontières italiennes et sa notoriété n’est pas négligeable en France ou en Allemagne.

Contrairement à celle d’un autre Johnny transalpin, Toto Cutugno, né en 1943 comme Hallyday, 100 millions de disques vendus et de nombreuses musiques composée pour des chanteurs français comme Jo Dassin, Dalida, Sardou et même Johnny.

De fait, il est peu connu hors d’Italie, même si des millions d’Européens connaissent par cœur son plus gros tube : « Lasciate mi cantare… ».

Ever heard about Alejandro Sanz…

Concernant l’Espagne, on ne saurait parler ici de Julio Iglesias : malgré une notoriété mondiale, ce chanteur de charme latino ne présente guère la « rock&roll attitude » qui ferait de lui un Johnny ibérique.

En revanche, il convient d’évoquer Alejandro Sanz, de 25 ans le cadet de Johnny, qui aurait vendu 25 millions de disques en Espagne et en Amérique latine. Mais ailleurs, notamment en France et dans le reste de l’Europe, il reste confidentiel.

… or Herbert Grönemeyer ?

Et que dire de l’Allemand Herbert Grönemeyer, 61 ans, qui enflamme les foules germaniques depuis les années 80 ? Son gros tube initial « Bochum » de même que plusieurs hits plus récents ont vraiment des accents « hallydayens ». Il est lui aussi confidentiel au delà de l’Allemagne, de l’Autriche ou de la Suisse.

Mais Grönemeyer reste un phénomène moins puissant que Johnny avec seulement 20 millions de disques vendus et 15 albums produits.

D’autres « Johnnies » s’agitent sur les scènes du nord sans que l’on n’en ait conscience. Bien qu’il soit plus « pop & folk » que rocky, il faut parler de Rob de Nijs aux Pays-Bas, un quasi-contemporain de Johnny né en 1942 qui a sorti 30 albums.

Il y a encore Thomas Helmig, 53 ans, grosse vedette au Danemark mais qui, malgré sa conversion à l’anglais, n’a jamais vraiment trouvé un public hors du petit royaume. Citons enfin le rocker polonais Grzegorz Markowski, 64 ans, qui, depuis quelques années, se produit sur scène avec sa fille Patricia.

Finalement, aucun rocker européen n’a vraiment percé à l’échelle de Europe si l’on excepte le « global player » qu’est Elton John. En fait, la patrie du rock, c’est définitivement l’Amérique et les vedettes non anglophones ne peuvent s’imposer qu’à la condition d’être jugées typiques de leur culture, charmeurs latino ou chanteur à texte romantiques français…


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